Alain Prost, Karl Benz, Henry Ford, Ferdinand Porsche, André Citroën, Rudolf Diesel… On pourrait encore continuer cette liste d’hommes importants pour le secteur de l’automobile.
Inventeurs, constructeurs, pilotes automobile – à croire qu’il n’y a que des hommes. Mais est-ce que c’est vraiment le cas ? Chez Cartegrise.com nous avons fait le point pour vous :
Des femmes à l’origine de certaines inventions indispensables
On sait tous que Rudolf Diesel a inventé le moteur diesel, le pneu gonflable nous vient de John Boyd Dunlop et la voiture la plus vendue de tous les temps, la Volkswagen Beetle, a été inventée par Ferdinand Porsche. Mais saviez-vous que des femmes ont inventé un certain nombre des équipements aujourd’hui de série ?
Il y a notamment :
- L’ancêtre du clignotant et du feu de stop qu’on doit à Florence Lawrence en 1914
- L’idée du rétroviseur vient de Dorothy Levitt qui conseille en 1909 l’utilisation d’un miroir pour voir ce qu’il se passe derrière
- L’essuie-glace qui a été inventé par Mary Anderson en 1914
- Le verre invisible indispensable pour les pare-brise nous vient de Katharine Burr Blodgett en 1938 – il sert également en optique et en imagerie
- La signalétique moderne (panneaux de signalisation, typographie, pictogramme, etc.) a été designée par Margaret Calvert en 1957
Les métiers de l’automobile toujours majoritairement masculins
Même si le nombre de jeunes femmes en formation dans les métiers de l’automobile a progressé plus fortement que celui des garçons entre 2016/2017 et 2020/2021 selon Anfa-auto.fr (+60,3 % pour les jeunes femmes contre +14,4% pour les jeunes hommes), les métiers de l’automobile restent toujours un domaine largement masculin.
En effet, toujours selon Anfa-auto.fr, au total sur les 420 421 salariés que comptait toute la branche en 2021, 77,3 % étaient des hommes contre seulement 22,7 % de femmes (95400 emplois).
Cette étude a relevé qu’il existe tout de même certains secteurs avec une répartition plus homogène :
- Ecoles de conduite : 51,6 % d’hommes / 48,4 % de femmes
- Location longue durée : 54,4 % d’hommes / 45,6 % de femmes
- Commerce de détail en carburant : 51,6 % d’hommes / 48,4 % de femmes
Les métiers techniques comme les mécaniciens ou les carrossiers-peintres sont presque exclusivement masculins (plus de 99 % d’hommes) et concentrent deux tiers des hommes, alors que les métiers administratifs et de services ont une plus forte présence féminine :
C’est d’ailleurs ce qui se reflètent dans les Top 5 des métiers de l’automobile occupés par des femmes :
Le sport automobile : une passion aussi pour les femmes
Même si – comme dans beaucoup de sports – les femmes sont souvent moins connues du grand public, elles font partie intégrante du sport automobile.
Beaucoup d’entre elles ont même un palmarès impressionnant dans les compétitions automobiles. D’autres étaient précurseurs dans le domaine et ont ainsi ouvert la voie aux générations futures.
On pourrait, par exemple, citer :
- Camille du Gast
Il s’agit de la première femme française en course automobile (c’était en 1901) - Jutta Kleinschmidt
Elle est la seule femme à avoir remporté le rallye Paris-Dakar auquel elle a participé 7 fois - Danica Patrick
C’est la première femme à avoir remporté une course d’IndyCar, elle est également la femme la mieux placée de l’histoire au 500 Miles d’Indianapolis - Lella Lombardi
L’italienne détient le plus grand nombre de départs en formule 1 - Inès Taittinger
La jeune coureuse d’endurance a terminé 3eme au 12h du Motorland Aragon en 2013 et 6eme au 6h de Magny-Cours la même année
Femmes au volant : presque aussi nombreuses que les hommes
Bien qu’elles soient plus nombreuses que les hommes à s’inscrire à l’examen du permis de conduire (classe B), elles sont un peu moins nombreuses à l’obtenir. En 2022, elles représentaient 50,6 % des participants (797 909 femmes contre 780 076 hommes.
Seulement 52,9 % d’entre elles ont réussi l’examen (422 009 femmes) alors que le taux de réussite des hommes était de 60,9 % (475 066 hommes). Il y a un delta de 8 points entre hommes et femmes. Cette différence de réussite est en baisse depuis des années : en 2009, elle était de 11,6 points et de 9,6 points en 2017.
Cette différence de réussite est d’autant plus étonnante quand on sait que les femmes réussissent mieux l’épreuve théorique et surtout, les épreuves du permis moto (classe A) ou poids lourds (classe C) !
En 2022, 87,3 % de femmes ont réussi l’examen pratique du permis A2 contre 86,7 % des hommes. Puis, le permis C, elles sont 75,1 % (en 2022) à l’obtenir alors qu’elles ne sont que 52,9% pour le permis B.
Selon une étude de l’ONISR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) en 2019, les stéréotypes sont à l’origine de cette différence homme-femme. En effet, la croyance sociale accorde à l’homme une compétence naturelle pour la conduite et, en même temps, déclare les femmes incompétentes pour toute activité considérée comme « masculine » (comme la conduite).
Les femmes réceptives pour ces types de stéréotypes ont généralement plus peur de l’accident et du regard des autres et appréhende les leçons de conduite qu’elles ressentent comme difficiles. L’étude a également révélé que les femmes qui se détachaient de ses stéréotypes réussissaient généralement mieux.
Comportement au volant : les femmes plus prudentes
Loin du cliché de « femme au volant, mort au tournant », les femmes sont moins impliquées dans les accidents de la route que leurs homologues masculins.
Alors qu’elles constituent 52 % de la population française – elles ne représentent que 34 % des victimes d’accidents en 2022. Quant à la mortalité routière, elle s’élève à 22,1 % chez les femmes contre 77,9 % chez les hommes – pour faire un raccourci : sur 10 morts de la route, seulement 2 sont des femmes !
Il s’avère que le plus souvent, les femmes sont victimes d’accidents en tant que passagères :
- 52,4 % des blessés légers (5043 victimes féminines)
- 52,5 % des blessés graves (1614 femmes)
- 42,4 % des tués sur la route (190 victimes féminines)
Ou elles sont piétonnes :
- 50,4 % des blessés légers (3054 femmes)
- 50,8 % des blessés graves (1238 victimes féminines)
- 38,1 % des tués sur la route (186 femmes)
Alors qu’en tant que conductrices, elles représentent que :
- 28,9 % des blessés légers (9177 victimes féminines)
- 19,9 % des blessés graves (2490 femmes)
- 14,8 % des tués sur la route (346 victimes féminines)
Selon le Comité Interministériel de la Sécurité Routière, les hommes étaient responsables de 4 accidents mortels sur 5 en 2022 (84 % des accidents mortels). Et c’est plus précisément les jeunes hommes de 18 à 34 ans qui causent les plus d’accidents mortels – souvent à cause d’un mélange de vitesse, d’alcool et de stupéfiants.
Usage : une utilisation différente de la voiture
Outre les stéréotypes évoqués un peu plus haut, l’utilisation que font les femmes des voitures jouent certainement un rôle dans leur implication dans les accidents de la route.
En effet, les femmes parcourent généralement moins de kilomètres que les hommes. Selon l’enquête de l’INSEE concernant la Mobilité des Personnes (2018-2019), la distance moyenne par déplacement (tous moyens de déplacements confondus) était de 7,9 km pour les femmes contre 9,6 km pour les hommes.
Les déplacements de moins de 5 km représentaient 58,8 % des déplacements des femmes, 7% de plus que pour les hommes. Puis, elles ont également tendance à moins utiliser la voiture comme mode de déplacements :
Les femmes se déplacent généralement plus pour des affaires de la vie courante (courses, rendez-vous chez le médecin, accompagnement des enfants, etc.). En effet, tous moyens de transport confondus, il s’agit de plus de 4 trajets sur 5 en 2019 selon l’enquête de l’INSEE.
Les déplacements pour raisons professionnelles ne représentent que 20 % des trajets en voiture pour les femmes (contre 31 % pour les hommes) en 2019 comme le relève les données du Commissariat général au développement durable lors de son étude de Juillet 2022 concernant le covoiturage.
Elle confirme également que les femmes se déplacent moins souvent seules en voitures (36 % de leurs trajets concernant 46 % chez les hommes).
Assurance : la prudence récompensée
Alors que les assureurs n’ont plus le droit de faire des différences entre les sexes quand il s’agit des tarifs d’assurances automobile depuis 2013, on constate que les femmes payent toujours un peu moins que les hommes.
Toutefois, cette différence de cotisation s’explique plutôt par le type de véhicule et le risque que par le sexe de l’assuré. Une étude réalisée par le comparateur d’assurances Assurland.com sur les données de comparaisons de l’année 2021 montre que les femmes :
- Déclarent moins de sinistre, 80 % d’entre elles n’en déclarent même aucun depuis 3 ans
- Ont moins d’accident corporels, mais plus d’accidents matériels que les hommes
- Déclarent des sinistres qui coûtent moins chers à indemniser
- N’ont pour la quasi-totalité aucune annulation ou retrait de permis à signaler (contre 5 % des hommes)
- Sont moins nombreuses à rouler plus de 15 000 km par an (56 % des femmes, 60 % des hommes)
Enfin, leurs voitures sont bien souvent également moins puissantes que celles des hommes. C’est donc l’ensemble de ces facteurs qui explique la différence de cotisation entre hommes et femmes et non leur sexe.
Les femmes : sous-présentées, mais importantes pour l’automobile
Les différentes statistiques citées dans cet article montrent que les contributions des femmes dans l’industrie automobile sont significatives, même si elles sont souvent méconnues. Non seulement elles ont apporté des innovations cruciales comme le clignotant ou l’essuie-glace, mais elles ont également défié les attentes de leur époque et ainsi inspiré des générations futures.
Malheureusement, les stéréotypes persistants impactent encore aujourd’hui la confiance des femmes au volant. Pourtant, elles sont moins impliquées dans les accidents de la route et bénéficient de cotisations d’assurance automobile moins élevées grâce à leur comportement responsable.
Ces stéréotypes d’un domaine masculin empêchent les femmes également à percer surtout dans les métiers techniques de l’automobile. Toutefois, les chiffres en hausse ces dernières années des jeunes apprenties dans l’automobile sont peut-être un signe que les attitudes changent.
En fin de compte, il serait important de reconnaître les contributions et compétences des femmes dans l’industrie automobile pour encourager une plus grande diversité et égalité dans l’avenir de l’automobile.