Lancée en 2018 et en place dans 8 régions déjà, la privatisation des voitures-radars s'étendra au sud de la France cette année. En effet, les voitures-radars privées seront mises en place dans les régions Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne-Rhône-Alpes dès le printemps. Ce dispositif, qui suscite autant de questions que d'inquiétudes, vise à renforcer la sécurité routière sur les routes secondaires.
Mais de quoi s’agit-il ?
Comment fonctionnent les voitures radars privées ?
Par définition, une voiture-radar est un véhicule banalisé. Sa technologies de pointe qui permettent de mesurer la vitesse des véhicules en circulation. Auparavant, c’était exclusivement les forces de l’ordre qui conduisaient les voitures-radars.
Dans le cadre de la privatisation des voitures-radars, l’Etat ne confie que la conduite à des opérateurs privés. Les véhicules restent propriété de l’Etat qui conserve également le contrôle total du processus de verbalisation. En effet, le système automatisé transmet directement les infractions constatées aux services de l'État, qui se chargent ensuite d'établir les procès-verbaux.
Le principe de fonctionnement est relativement simple : la voiture-radar circule sur un parcours définit et flash les véhicules en excès de vitesse qu’elle croise ou qui la dépassent. Toutefois, ce déplacement rend la voiture moins fiable que les radars fixes. La marge d’erreur appliquée à la vitesse relevée est donc plus grande :
- 10 km/h pour les vitesses en-dessous de 100 km/h (contre 5 km/h pour les radars fixes)
- 10 % pour les vitesses au-dessus de 100 km/h (5 % pour les radars fixes)
Pourquoi généraliser ces dispositifs ?
Les autorités justifient ce déploiement massif par plusieurs arguments :
- Libérer du temps aux forces de l’ordre afin de les concentrer sur des tâches qui demandent à intercepter l’automobiliste (contrôle d’alcoolémie ou de stupéfiants, contrôle d'identité, de permis de conduire ou de carte grise, par exemple)
- Optimiser les voitures-radars en augmentant leurs temps de roulage (jusqu’à 8h par jour sur des parcours définis par l’Etat)
L’objectif principal est la réduction du nombre d'accidents de la route, notamment sur les routes secondaires où les excès de vitesse sont fréquents. En effet, les excès de vitesse demeurent l'une des principales causes d'accidents sur les routes secondaires. En augmentant la fréquence et l'imprévisibilité des contrôles, les autorités espèrent inciter les automobilistes à adopter durablement une conduite plus responsable.
Voitures-radars privées : des interrogations légitimes
Même s’il est important de renforcer la sécurité routière, cette mesure suscite également de nombreuses interrogations et inquiétudes chez les automobilistes.
Les principales inquiétudes concernent :
La protection des données personnelles collectées lors des contrôles
Selon le site Securite-routière.gouv.fr (par ici), ni le conducteur, ni la société privée ont accès aux données que le véhicule enregistre. La transmission des informations se fait de manière automatique et cryptée sans intervention de l’opérateur.
L'équité dans la répartition géographique des contrôles
C’est la délégation à la sécurité routière qui décide avec les préfectures des itinéraires journaliers des voitures-radars. Les prestataires privés ont donc une feuille de route à suivre et ne peuvent - en aucun cas - décider eux-mêmes des parcours.
Le risque d'une politique répressive axée sur le rendement
Contrairement aux idées reçues, les prestataires privés ne sont pas rémunérés au nombre de contraventions, mais au nombre de kilomètres parcourus. Leur contrat de sous-traitance fixe précisément le nombre de kilomètres à parcourir. Si le prestataire en fait moins, sa rémunération se réduit en fonction. Par contre, il n’a pas le droit de parcourir plus de kilomètres que convenu au risque de payer une lourde amende.
L'efficacité réelle du dispositif dans la réduction des accidents
L’Etat espère que les contrôles plus fréquents et moins prévisibles poussent les automobilistes à respecter les limitations de vitesse. La réduction des excès de vitesse devrait contribuer à réduire les accidents justement liés à la vitesse.
Généralisation du dispositif partout en France ?
La mise en place de voitures radars privées dans le sud de la France marque une nouvelle étape dans la lutte contre les excès de vitesse. Elle sera probablement élargie sur la Corse dans le courant de l’année, mais son application reste pour l’instant encore compliquée en Ile-de-France.
Si cette mesure est susceptible d'améliorer la sécurité routière, elle soulève de nombreuses questions qui méritent d'être débattues. Il est important de mener une réflexion approfondie sur ces enjeux pour s'assurer que cette mesure contribue réellement à améliorer la sécurité routière sans porter atteinte aux libertés individuelles.
Et vous, qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires.