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L'année 2024 a marqué un tournant majeur pour les motards parisiens. La circulation interfile, cette pratique permettant aux deux-roues de se faufiler entre les voitures, a connu des changements drastiques sur le boulevard périphérique. Ces modifications soulèvent de nombreuses questions sur l'avenir de la mobilité dans la capitale.

Alors que les conducteurs de scooters et motos s'étaient habitués à slalomer entre les files sur le périph', ils doivent désormais revoir leurs habitudes. Cette évolution s'inscrit dans une réflexion plus large sur la sécurité routière et l'aménagement urbain. Examinons en détail ces nouvelles règles qui redessinent le paysage de la circulation à Paris.

Le périphérique parisien : zone d'interdiction pour l'interfile

Depuis le 10 octobre 2024, la circulation interfile est formellement interdite sur l'intégralité du boulevard périphérique parisien. Cette décision fait suite à un changement majeur : l'abaissement de la vitesse maximale autorisée de 70 km/h à 50 km/h.

La mise en place de cette nouvelle limitation s'est faite progressivement :

  • 1er octobre 2024 : début de l'opération sur le tronçon entre la porte d'Orléans et la porte Dauphine
  • Du 1er au 10 octobre : extension graduelle à l'ensemble du périphérique

Ce changement a des répercussions directes sur la pratique de l'interfile. En effet, selon la réglementation en vigueur, cette manœuvre n'est autorisée que sur les voies où la vitesse maximale est d'au moins 70 km/h. Le passage à 50 km/h rend donc automatiquement l'interfile illégale sur cet axe crucial de la capitale.

 

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Les conditions de la circulation interfile : ce qu'il faut savoir

Bien que désormais interdite sur le périphérique, la circulation interfile reste autorisée sous certaines conditions ailleurs en France. Voici les principales règles à connaître :

  • Véhicules concernés : deux-roues et trois-roues motorisés de moins d'un mètre de large
  • Routes éligibles : autoroutes et voies à au moins deux fois deux voies séparées par un terre-plein central
  • Vitesse maximale : 50 km/h en interfile, avec un écart de 30 km/h maximum par rapport aux autres véhicules
  • Position sur la chaussée : uniquement entre les deux files les plus à gauche
  • Conditions de trafic : circulation autorisée lorsque les véhicules sont à l'arrêt ou roulent à vitesse très réduite

Il est pertinent de rappeler que ces règles s'appliquent dans le cadre d'une expérimentation en cours dans 21 départements français, dont Paris fait partie.

L'expérimentation de la circulation interfile : un processus en cours

L'interfile, bien que pratiquée depuis longtemps par les motards, n'est pas encore inscrite dans le Code de la Route. Une expérimentation a été lancée le 2 août 2021 pour étudier les conditions dans lesquelles cette pratique pourrait être officiellement autorisée, sécurisée et enseignée.

Initialement prévue pour se terminer le 1er août 2024, cette phase test a été prolongée jusqu'au 31 décembre 2024. Cette extension permet de recueillir davantage de données et d'affiner l'analyse des impacts de l'interfile sur la sécurité routière et la fluidité du trafic.

Un rapport du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) est actuellement en cours de rédaction. Ce document sera déterminant pour l'avenir de la circulation interfile en France. Il évaluera si cette pratique peut être intégrée de manière permanente dans le Code de la Route, et sous quelles conditions.

Les sanctions en cas de non-respect

Les motards qui ne respecteraient pas les règles de la circulation interfile s'exposent à des sanctions :

  • Une contravention de quatrième classe
  • Une amende forfaitaire de 135 euros
  • Le retrait de trois points sur le permis de conduire

Ces pénalités s'appliquent aussi bien dans les zones où l'interfile est autorisée à titre expérimental que sur le périphérique parisien où elle est désormais interdite.

L'impact sur la mobilité parisienne

L'interdiction de l'interfile sur le périphérique soulève de nombreuses questions quant à son impact sur la mobilité dans la capitale. Les motards, habitués à gagner du temps en se faufilant entre les voitures, doivent désormais s'adapter à une nouvelle réalité.

Cette mesure pourrait avoir plusieurs conséquences :

  • Une augmentation potentielle des embouteillages, les deux-roues devant désormais rester dans les files
  • Un allongement du temps de trajet pour les utilisateurs de deux-roues motorisés
  • Une possible remise en question de l'utilisation des deux-roues motorisés pour certains usagers

La mairie de Paris, consciente de ces enjeux, envisage des solutions alternatives. L'une des pistes évoquées est la création d'une voie réservée aux deux-roues sur le périphérique. Cette option pourrait offrir un compromis entre la sécurité recherchée par l'interdiction de l'interfile et la fluidité du trafic souhaitée par les motards.

Le contexte plus large de la politique de mobilité parisienne

L'interdiction de l'interfile sur le périphérique s'inscrit dans une politique plus large de la mairie de Paris visant à transformer la mobilité urbaine. Sous l'impulsion d'Anne Hidalgo, la ville cherche à réduire la place de la voiture au profit des mobilités douces et des transports en commun.

Cette évolution se manifeste à travers plusieurs initiatives :

  • La création de pistes cyclables
  • L'extension des zones piétonnes
  • Le développement des transports en commun
  • La mise en place de zones à faibles émissions

Dans ce contexte, la réduction de la vitesse sur le périphérique et l'interdiction de l'interfile qui en découle peuvent être vues comme une étape supplémentaire vers une ville moins dépendante des véhicules motorisés individuels.

 

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Les réactions et le débat public

Ces changements ne se font pas sans susciter des réactions. De nombreux acteurs expriment leurs points de vue :

  • Les associations de motards : généralement opposées à l'interdiction, elles craignent une augmentation des risques d'accident et une dégradation des conditions de circulation
  • Les riverains du périphérique : certains saluent la réduction de la vitesse, espérant une diminution des nuisances sonores
  • Les automobilistes : partagés entre ceux qui voient d'un bon œil la fin de l'interfile et ceux qui redoutent une aggravation des embouteillages
  • Les écologistes : favorables à la réduction de la vitesse, ils y voient un pas vers une ville plus verte

Le débat reste vif, illustrant la complexité de concilier les différents usages de la route dans une métropole en pleine mutation.

L'avenir de la circulation interfile à Paris et en France

Alors que l'expérimentation nationale se poursuit jusqu'à la fin de l'année 2024, l'avenir de la circulation interfile reste incertain. Les résultats de cette phase test seront cruciaux pour déterminer si cette pratique peut être pérennisée et sous quelles formes.

Plusieurs scénarios sont envisageables :

  • Une légalisation nationale de l'interfile, avec des règles strictes
  • Une autorisation limitée à certains axes routiers
  • Un maintien de l'interdiction, avec potentiellement des aménagements spécifiques pour les deux-roues

Pour Paris, la situation du périphérique pourrait évoluer. Si la création d'une voie dédiée aux deux-roues se concrétise, cela pourrait offrir une alternative à l'interfile tout en préservant la fluidité du trafic pour les motards.

L'enjeu pour les autorités sera de trouver un équilibre entre sécurité routière, fluidité du trafic et aspirations des différents usagers de la route. Les décisions prises dans les mois à venir auront un impact significatif sur la mobilité urbaine, non seulement à Paris mais potentiellement dans d'autres grandes villes françaises confrontées à des défis similaires.

Alors que le débat se poursuit, une chose est certaine : la mobilité urbaine est en pleine mutation. Les habitudes de déplacement évoluent, poussées par les préoccupations environnementales, les avancées technologiques et les nouvelles politiques urbaines. La question de la circulation interfile n'est qu'un aspect d'une réflexion plus large sur la façon dont nous voulons nous déplacer dans nos villes de demain.

Vanessa Lenormand
Publié par
Responsable rédactionnel
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