Nous vous en avons déjà parlé dans notre analyse trimestrielle du marché automobile, il semblerait que les voitures électriques soient tombées en désamour en France et même, globalement, en Europe. Alors qu’elles avaient le vent en poupe depuis plusieurs années, le vent a tourné courant 2024. Mais d’où vient ce désamour ?
Voitures électriques en France : état des lieux depuis 2019
Depuis 2019, à l’exception de la période de confinement en 2020, les immatriculations des voitures électriques étaient en constante augmentation d’année en année :
- 2020 : + 140 % par rapport à 2019
- 2021 : + 46 % par rapport à 2020
- 2022 : + 25 % par rapport à 2021
- 2023 : + 47 % par rapport à 2022
Bien qu’en début d’année, 2024 semblait être l’année de tous les records pour les voitures électriques, la situation a basculé en Juin :
- Juin : - 10%
- Juillet : +0,97 %
- Août : - 33 %
- Septembre : -6 %
Désamour des Français pour les voitures électriques : deux raisons principales
Dans une situation globale compliquée du marché automobile français, les voitures électriques ont pu, jusqu’à présent, tirer leur épingle du jeu. Des aides à l’achat comme le bonus écologique et la prime à la conversion ont rendu la voiture électrique plus attractive face à une voiture thermique au-dessus de laquelle planait l’épée de Damoclès du malus écologique et de restrictions de circulation.
Leasing social : un coup de pouce temporaire
Le leasing social, lancé début 2024, a fait s’envoler les commandes et immatriculations de voitures électriques neuves. Or, ce dernier a été très rapidement victime de son succès.
En effet, sur seulement deux mois, les commandes ont largement dépassé le nombre de véhicules subventionnés que le Gouvernement avait prévu pour toute l’année. Au lieu des 25 000 voitures électriques prévues, ce sont plus de 50 000 véhicules qui ont bénéficié du dispositif !
Bonus écologique : une aide plus restreinte
Alors que le Gouvernement avait décidé de reporter plusieurs fois le durcissement du bonus écologique pour aider le secteur automobile en difficultés, ce n’était plus le cas en 2024. Ainsi, non seulement l’aide d’achat a baissé de 1 000 € en début d’année, mais elle dépend aujourd’hui également d’un écoscore.
Cet écoscore exclut - d’une manière générale - tous les véhicules électriques fabriqués en Chine et restreint la liste des modèles éligibles.
Il est d’ailleurs fortement envisageable qu’il y aura un nouveau durcissement du bonus écologique en 2025.
Un ensemble de facteurs défavorables
Par conséquent, la fin du leasing social couplé au durcissement du bonus écologique ont été un coup de massue pour les ventes de voitures électriques. Depuis, les voitures électriques ont perdu en attractivité car leurs prix de vente sont généralement plus élevés que ceux des voitures thermiques de gammes équivalentes.
De plus, leur utilisation présente quelques inconvénients qui n’existent pas chez les voitures thermiques : autonomie restreinte, offre de bornes de recharge insuffisante, temps de recharge parfois considérable, etc.
A cela s’ajoute l’inquiétude face à une situation politique nationale incertaine et une situation géopolitique compliqué qui impacte déjà l’ensemble du marché automobile depuis plusieurs mois.
Il s’agit donc d’un combo plutôt défavorable pour les véhicules électriques. Et malgré la volonté de l’Union Européenne d’interdire les véhicules thermiques à l’horizon 2035, le futur des voitures électriques est incertain. En effet, l’UE vient de voter une surtaxation des véhicules électriques chinois pour freiner leur arrivée massive sur le marché Européen.