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Le boulevard périphérique parisien s'apprête à connaître une transformation majeure. Dès le début de l'année 2025, les automobilistes découvriront une nouveauté qui promet de changer leurs habitudes de déplacement : une voie dédiée au covoiturage. Cette initiative audacieuse, portée par la Mairie de Paris, s'inscrit dans une volonté de repenser la mobilité urbaine et de répondre aux défis environnementaux de notre époque.

Initialement prévue pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, cette voie réservée va finalement voir le jour quelques mois plus tard, marquant ainsi un tournant dans l'histoire du célèbre anneau routier de la capitale. Mais que signifie concrètement ce changement pour les Parisiens et les franciliens ? Quels en sont les enjeux et les objectifs ? Découvrons les détails de ce projet ambitieux qui pourrait bien redéfinir nos déplacements quotidiens.

Un projet né d'une vision à long terme

La décision d'inaugurer une voie réservée au covoiturage sur le périphérique parisien n'est pas le fruit du hasard. Elle s'inscrit dans le cadre du Plan Climat 2026-2030 de la Ville de Paris, une stratégie globale visant à réduire l'empreinte carbone de la capitale et à améliorer la qualité de vie de ses habitants.

La mairie de Paris  a confirmé ce projet ambitieux sur son site internet, marquant ainsi l'engagement ferme de la municipalité envers cette initiative. La transformation du périphérique, initialement envisagée pour les Jeux Olympiques de 2024, va donc se poursuivre au-delà de cet événement sportif majeur, témoignant d'une volonté de créer un héritage durable pour la ville.

Les objectifs de la voie dédiée : au-delà du simple désengorgement

L'introduction de cette voie réservée sur le périphérique parisien poursuit plusieurs objectifs ambitieux :

  • Amélioration de la qualité de l'air : En encourageant le covoiturage, on espère réduire le nombre de véhicules en circulation et, par conséquent, les émissions de polluants.
  • Réduction des nuisances sonores : Moins de véhicules signifie moins de bruit pour les 500 000 riverains du périphérique.
  • Fluidification du trafic : En incitant au partage des véhicules, on vise à résorber la congestion chronique de cet axe routier majeur.
  • Économies d'énergie : La diminution du nombre de véhicules devrait entraîner une baisse significative de la consommation de carburant.

 

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Qui pourra emprunter la voie réservée ?

La voie dédiée ne sera pas exclusivement réservée aux covoitureurs. Voici la liste des usagers autorisés :

  • Véhicules en covoiturage avec au moins deux personnes à bord (y compris les VTC en charge)
  • Transports publics collectifs
  • Taxis (même à vide, car considérés comme des transports en commun)
  • Véhicules de santé et de secours
  • Personnes en situation de handicap détentrices de la carte mobilité inclusion stationnement (autorisées à voyager seules)
  • Deux-roues motorisés en circulation inter-files (sous réserve de validation)

Un fonctionnement adapté aux besoins de la circulation

La voie réservée ne sera pas active en permanence. Son utilisation sera régulée en fonction des flux de circulation :

  • Horaires d'activation : De 7h à 10h30 et de 16h à 20h, du lundi au vendredi
  • Activation en temps réel : Des panneaux lumineux informeront les usagers de l'ouverture ou de la fermeture de la voie en fonction de l'état du trafic

Cette flexibilité permettra d'optimiser l'utilisation de la voie tout en s'adaptant aux variations de la circulation parisienne.

Une mise en place progressive et concertée

La mise en œuvre de ce projet d'envergure ne se fait pas du jour au lendemain. Un calendrier précis a été établi :

  • Début 2024 : Réalisation d'un état des lieux avant la mise en place de la voie olympique
  • 1er juillet au 15 septembre 2024 : Utilisation de la voie de gauche par les accrédités des Jeux Olympiques et Paralympiques
  • 1er octobre 2024 : Abaissement de la vitesse à 50 km/h sur l'ensemble du périphérique
  • Début 2025 : Inauguration officielle de la voie réservée au covoiturage

Ce processus progressif permettra une transition en douceur et une adaptation des usagers aux nouvelles règles de circulation.

Une collaboration à l'échelle régionale

Le projet de voie réservée sur le périphérique parisien ne se limite pas aux frontières de la capitale. Une collaboration étroite est prévue entre différents acteurs :

  • Le ministère des Transports
  • La Ville de Paris
  • Les communes riveraines
  • La Métropole du Grand Paris
  • Les départements franciliens
  • La Région Île-de-France
  • Île-de-France Mobilités

Cette coopération vise à assurer une cohérence avec les projets similaires sur l'A1 et l'A13, ainsi qu'à développer des lignes de covoiturage en collaboration avec les professionnels du secteur.

Des mesures complémentaires pour une transformation globale

La voie réservée au covoiturage n'est qu'un élément d'un plan plus vaste de transformation du périphérique parisien. D'autres mesures ont été ou seront mises en place :

  • Limitation de vitesse : Depuis le 1er octobre 2024, la vitesse maximale autorisée est de 50 km/h sur l'ensemble du périphérique
  • Surtaxe pour certains véhicules : Une mesure visant à décourager l'usage de véhicules particulièrement polluants
  • Contrôle automatisé : Des caméras intelligentes seront installées pour vérifier le nombre de passagers dans les véhicules empruntant la voie réservée

Les défis techniques et juridiques

La mise en place de cette voie réservée soulève plusieurs défis techniques et juridiques :

Le contrôle des infractions

Pour s'assurer du respect des règles d'utilisation de la voie réservée, Paris a opté pour le système Hovy de Fareco-Fayat. Ce dispositif de contrôle-sanction automatisé utilise des caméras intelligentes capables de compter le nombre de passagers dans un véhicule et de lire les plaques d'immatriculation. Les contrevenants s'exposent à une amende de 135 € (minorée à 90 € en cas de paiement rapide).

L'enjeu juridique

Bien que la Ville de Paris estime avoir le pouvoir juridique de réglementer l'usage de cette voie communale, la mise en œuvre effective de ces mesures nécessite l'approbation du préfet de police de Paris. Un arbitrage gouvernemental pourrait être nécessaire pour trancher certains aspects du projet.

L'impact sur les usagers du périphérique

L'introduction de cette voie réservée va inévitablement modifier les habitudes des usagers du périphérique :

  • Temps de parcours : Selon les estimations de la Ville de Paris, le parcours moyen sur le périphérique (inférieur à 5 km) ne sera allongé que d'1 minute 30 pour les véhicules non autorisés sur la voie réservée.
  • Incitation au covoiturage : Avec environ 80% des usagers circulant actuellement seuls sur le périphérique, cette mesure vise à encourager fortement le partage de véhicules.
  • Adaptation des comportements : Les automobilistes devront s'habituer à de nouvelles règles de circulation et à une nouvelle signalisation.

Une évaluation continue pour un ajustement optimal

Consciente de l'ampleur du changement, la Ville de Paris a prévu un processus d'évaluation rigoureux :

  • Un état des lieux sera réalisé début 2024, avant la mise en place de la voie olympique
  • Une évaluation continue sera menée pendant les cinq premières années suivant l'inauguration de la voie réservée

Ces évaluations permettront d'ajuster le dispositif si nécessaire et d'en mesurer l'efficacité réelle sur le long terme.

Paris dans le sillage d'autres villes françaises

La capitale n'est pas pionnière dans ce domaine. D'autres villes françaises ont déjà expérimenté des voies réservées au covoiturage :

  • Grenoble : Précurseur avec une voie réservée sur l'A48
  • Lyon : A mis en place une voie similaire sur la M6/M7
  • Annecy : A adopté ce concept

Ces expériences ont permis de tirer des enseignements précieux qui bénéficieront au projet parisien.

Vers une nouvelle ère de mobilité urbaine

L'inauguration de la voie réservée au covoiturage sur le périphérique parisien marque le début d'une nouvelle ère pour la mobilité dans la capitale. Ce projet ambitieux, fruit d'une longue réflexion et de nombreuses consultations, pourrait bien servir de modèle à d'autres grandes métropoles françaises et européennes.

Alors que nous nous dirigeons vers un avenir où les enjeux environnementaux et la qualité de vie urbaine sont au cœur des préoccupations, cette initiative parisienne apparaît comme une réponse concrète et innovante. Elle ouvre la voie à de nouvelles façons de penser nos déplacements quotidiens, en favorisant le partage et la collaboration entre usagers de la route.

Reste à voir comment les Parisiens et les Franciliens s'adapteront à ce changement majeur. La réussite de ce projet dépendra en grande partie de l'adhésion des usagers et de leur capacité à modifier leurs habitudes de déplacement. Une chose est sûre : le périphérique parisien, symbole de l'ère du tout-automobile, est en passe de devenir l'emblème d'une mobilité plus durable et plus respectueuse de l'environnement.

Vanessa Lenormand
Publié par
Responsable rédactionnel
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