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Les motards français vont devoir s'y faire : le contrôle technique pour les deux-roues est belle et bien une réalité. Mais ce n'est pas tout. En 2025, nous franchirons une nouvelle étape avec l'introduction d'un contrôle du niveau sonore. Une mesure qui fait déjà grincer des dents dans le milieu de la moto.

Le contrôle technique moto : un long chemin vers l'application

Après des années de tergiversations, le contrôle technique pour les motos, scooters et autres engins motorisés à deux ou trois roues a finalement été acté. Cette décision, prise le 24 octobre 2023, n'est pas sortie de nulle part. Elle répond à une réglementation européenne datant de 2014, soutenue par plusieurs associations environnementales.

La mise en place de ce contrôle se fait progressivement, avec un calendrier échelonné selon l'année d'immatriculation des véhicules :

  • Véhicules immatriculés avant 2017 : contrôle à partir du 15 avril 2024
  • Immatriculations entre 2017 et 2019 : rendez-vous en 2025
  • Immatriculations entre 2020 et 2021 : passage en 2026
  • Deux-roues immatriculés après janvier 2022 : contrôle dans les 6 mois précédant les 4 ans du véhicule

 

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Le contrôle du bruit : une nouveauté qui fait du bruit

Si le contrôle technique en lui-même est déjà un sujet de débat, c'est l'introduction du contrôle du niveau sonore qui cristallise les tensions. Prévu pour le 1er mars 2025, ce nouveau volet du contrôle technique soulève de nombreuses questions et inquiétudes chez les motards.

Pourquoi contrôler le bruit des motos ?

La réponse est simple : réduire les nuisances sonores. Les riverains et les associations de protection de l'environnement se plaignent depuis longtemps du bruit excessif de certaines motos, particulièrement en milieu urbain et dans les zones résidentielles. Cette mesure vise donc à améliorer la qualité de vie des habitants tout en poussant les constructeurs à développer des véhicules moins bruyants.

La norme CEE-ONU R41.05 : vers des tests plus stricts

À partir du 1er janvier 2025, la norme européenne CEE-ONU R41.05 entrera en vigueur. Elle ne modifie pas le seuil actuel de 77 décibels imposé par la norme Euro 5, mais elle introduit des méthodes de contrôle beaucoup plus rigoureuses :

  • Tests réalisés par un organisme indépendant, et non plus par les constructeurs
  • Mesures effectuées à des vitesses variables (de 10 à 100 km/h) et sur différents rapports
  • Contrôles jusqu'à 80% de la vitesse maximale du véhicule
  • Microphones placés à 15 mètres de chaque côté de la moto, à 1,2 mètre de hauteur
  • Tests réalisés sur un sol en asphalte sec et plat, sans obstacle dans un rayon de 50 mètres

Les défis pour l'industrie et les motards

Ces nouvelles normes vont imposer des ajustements importants, tant pour les constructeurs que pour les propriétaires de deux-roues.

L'adaptation des constructeurs

Les fabricants de motos et de scooters vont devoir revoir leurs copies pour se conformer à ces nouvelles exigences. Plusieurs pistes sont envisagées :

  • Développement d'échappements plus silencieux
  • Repensée des moteurs pour réduire les émissions sonores à la source
  • Mise au point d'innovations technologiques pour atténuer le bruit sans compromettre les performances

Ces adaptations pourraient se traduire par une augmentation du coût des nouveaux modèles, un point qui inquiète déjà les consommateurs.

Les préoccupations des motards

Du côté des utilisateurs, les réactions sont mitigées. Certains motards considèrent que le bruit est un élément essentiel de la conduite, à la fois pour le plaisir et pour la sécurité. D'autres s'inquiètent des coûts potentiels liés au remplacement des pots d'échappement non conformes.

 

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Le déroulement du contrôle technique

Au-delà du contrôle sonore, le contrôle technique des deux-roues sera assez similaire à celui des voitures. Voici les principaux points qui seront vérifiés :

  • État des freins
  • Émissions polluantes
  • Équipements de direction
  • Fonctionnement des feux et dispositifs électriques
  • État des rétroviseurs
  • Condition des essieux, roues, pneus et suspensions

Les résultats du contrôle pourront être de trois types :

  1. Favorable : aucune défaillance majeure ou critique
  2. Défavorable pour défaillances majeures : nécessite des réparations et une contre-visite dans les deux mois
  3. Défavorable pour défaillances critiques : interdiction de circuler jusqu'à réparation et contre-visite

La formation des contrôleurs

Pour mener à bien ces contrôles, les professionnels du secteur devront suivre une formation spécifique. Ils ont jusqu'au 14 avril 2025 pour effectuer cette formation obligatoire de 33 heures, qui comprend des parties théoriques et pratiques.

Un point intéressant à noter : les contrôleurs ne sont pas obligés de posséder un permis moto (A2 ou A). Ils pourront demander l'aide du propriétaire du véhicule pour manipuler les grosses cylindrées lors du contrôle.

Les centres de contrôle

Entre le 15 avril 2024 et le 14 avril 2025, certains centres déjà agréés pour les véhicules légers ou lourds peuvent inspecter les deux-roues, à condition de disposer des qualifications requises. À noter que le prix du contrôle n'est pas réglementé par l'État et sera fixé librement par les centres.

Les exceptions à la règle

Comme souvent, il existe des exceptions. Les motos utilisées pour des compétitions sportives ne seront pas soumises à ce contrôle technique. Cette exemption vise à ne pas pénaliser les sportifs qui utilisent des véhicules spécifiquement préparés pour la compétition.

Le débat autour du "malus au bruit"

En parallèle de ces mesures, un débat a émergé autour d'un potentiel "malus au bruit". L'idée était d'imposer une taxe aux véhicules dépassant un certain seuil sonore. Cependant, les élus ont rejeté ce projet a été lors de l'examen du Plan de loi de finances 2025. Cette décision montre que le sujet du bruit des véhicules, et particulièrement des deux-roues, reste un sujet sensible et complexe.

L'impact sur l'industrie de l'après-vente

L'introduction de ces nouvelles normes sonores aura des répercussions sur l'industrie de l'après-vente, notamment les fabricants de pots d'échappement. Ces derniers devront adapter leurs produits pour répondre aux nouvelles exigences, ce qui pourrait entraîner une augmentation des prix pour les consommateurs.

Les propriétaires de motos équipées de pots d'échappement non conformes pourraient se voir contraints de les remplacer, engendrant des coûts supplémentaires. Cette situation soulève des questions sur la rétroactivité de la norme et sur la façon dont seront traités les véhicules déjà en circulation.

Vers une mobilité plus silencieuse ?

L'introduction du contrôle du bruit dans le contrôle technique des motos s'inscrit dans une tendance plus large de réduction des nuisances sonores en milieu urbain. Cette évolution pourrait accélérer le développement et l'adoption de véhicules électriques à deux roues, naturellement plus silencieux que leurs homologues thermiques.

Cependant, cette transition soulève de nouvelles questions. Les véhicules électriques trop silencieux ne posent-ils pas un problème de sécurité pour les piétons ? Comment trouver le juste équilibre entre réduction des nuisances sonores et maintien d'une certaine présence auditive des véhicules sur la route ?

Ces interrogations montrent que le débat sur le bruit des deux-roues est loin d'être clos. Il continuera sans doute d'évoluer au fur et à mesure que la technologie progressera et que les habitudes de mobilité changeront. Une chose est sûre : l'année 2025 marquera un tournant important dans l'histoire de la moto en France et en Europe.

Vanessa Lenormand
Publié par
Responsable rédactionnel
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