Depuis le 1er janvier 2020, les véhicules électriques et à hydrogène bénéficient d'une exonération de la taxe régionale, rendant le prix de leur certificat d’immatriculation quasiment gratuit. Cette mesure, mise en place pour encourager l'adoption de véhicules à faibles émissions, a permis à de nombreux automobilistes de se tourner vers des solutions plus écologiques. Cependant, à partir du 1er mai 2025, cette exonération sera supprimée dans plusieurs régions de France, marquant un tournant significatif dans la politique de soutien aux véhicules propres.
Ce qui va changer le 1er mai 2025
Avec l’entrée en vigueur de la loi de finances pour 2025, qui vient modifier l'article L421-49 du Code des impositions sur les biens et services, le gouvernement a accordé plus de liberté aux régions en matière de taxation des véhicules fonctionnant exclusivement à l'électricité, à l'hydrogène, ou à une combinaison des deux.
Concrètement, chaque région peut choisir d'appliquer une exonération à 50 % ou 100 % de la taxe régionale sur la carte grise pour ces véhicules à motorisation "zéro émission". La majorité des régions françaises ont décidé de mettre fin à l’exonération totale de la taxe régionale sur les véhicules électriques et à hydrogène à partir du 1er mai 2025.
Cette décision signifie que les propriétaires de ces véhicules devront désormais payer la moitié de la taxe régionale lors de l’immatriculation d’un véhicule zéro émission. Ce tarif, fixé par chaque conseil régional, varie fortement d’une région à une autre.
Quel sera le prix d'une carte grise d'un véhicule électrique ?
Voici un aperçu des prix du cheval fiscal applicables dans certaines régions :
- Auvergne-Rhône-Alpes : 43 €
- Bourgogne-Franche-Comté : 55 € (60 € dès le 1er juillet 2025)
- Bretagne : 60 €
- Centre-Val de Loire : 60 €
- Corse : 43 €
- Grand Est : 60 €
- Guadeloupe : 41 €
- Guyane : 42,50 €
- Hauts-de-France : 42 €
- Île-de-France : 54,95 €
- La Réunion : 57 €
- Martinique : 30 €
- Mayotte : 30 €
- Normandie : 60 €
- Nouvelle-Aquitaine : 53 €
- Occitanie : 54,50 € (59,50 € dès le 1er juillet 2025)
- Pays de la Loire : 51 €
- Provence-Alpes-Côte d’Azur : 59 €
Les automobilistes devront donc payer le montant de la taxe multiplié par le nombre de chevaux fiscaux du véhicule, le tout divisé par deux. Malgré cette réduction, ce qui pourrait représenter une somme considérable pour les véhicules les plus puissants.
Exemple : la carte grise d'un véhicule électrique affichant 5 CV fiscaux immatriculé en Normandie coûtera 150 € de taxe régionale à partir de mai 2025.
Pourquoi ce changement ?
1. Compensation des pertes fiscales
Avec la montée en puissance des véhicules électriques, les recettes issues de la taxe régionale ont fortement diminué. Pour certaines régions, cette baisse pèse lourdement sur les finances publiques locales, notamment celles allouées aux infrastructures routières et aux transports publics.
2. Équité entre les véhicules propres
Certaines catégories de véhicules propres (comme les hybrides non rechargeables) n’étaient pas totalement exonérées. Pour instaurer une fiscalité plus juste entre les différentes technologies, l’alignement des véhicules électriques sur le tarif standard est perçu comme une normalisation logique.
3. Un marché désormais mature
Enfin, les décideurs estiment que le marché du véhicule électrique a atteint une maturité suffisante. L’offre est plus large, les prix plus accessibles, et les bornes de recharge bien plus nombreuses qu’en 2020. Les véhicules électriques seraient désormais capables de se développer sans aide excessive.
Une seule exception subsistera : la région Hauts-de-France !
Alors que l'ensemble des autres régions avaient progressivement mis fin à l'exonération de la taxe régionale sur la carte grise pour les véhicules dits « propres » — principalement les hybrides non rechargeables ou les véhicules à motorisation alternative (GNV, GPL, etc.) — les Hauts-de-France avaient choisi de maintenir cette mesure incitative, affirmant ainsi leur volonté de soutenir la transition écologique à l'échelle locale.
Mais en 2025, même cette région résiliente a dû s'y résoudre. Confrontée aux réalités budgétaires et à l'évolution nationale de la fiscalité automobile, la collectivité a voté la fin de l'exonération pour ces véhicules à faibles émissions. Elle était la dernière région métropolitaine, avec la Corse, à proposer encore cet avantage, ce qui soulignait sa singularité dans un paysage fiscal de plus en plus homogène.
Cependant, et c'est là toute la nuance, les Hauts-de-France ont clairement exprimé leur intention de continuer à soutenir la mobilité électrique. Ainsi, si les véhicules dits "propres" ne bénéficient plus d'allègements, les voitures 100 % électriques continueront, quant à elles, de profiter d'une exonération totale de la taxe régionale sur la carte grise.
L'exception des Hauts-de-France : un choix stratégique ?
En choisissant de maintenir l'exonération, la région Hauts-de-France se démarque volontairement. Ce positionnement permet non seulement de préserver une incitation forte à l'achat de véhicules électriques, mais aussi de stimuler l'attractivité du territoire pour les particuliers comme pour les professionnels.
Le président de région a justifié ce choix en soulignant que la gratuité de la carte grise reste un signal fort pour les automobilistes, en particulier les foyers modestes, qui souhaitent s’équiper d’un véhicule électrique sans trop alourdir leur budget.
Contexte historique et objectifs initiaux
La gratuité (ou quasi-gratuité) de la carte grise pour les véhicules 100 % électriques et à hydrogène avait été instaurée pour encourager l’adoption de véhicules à faibles émissions, dans le cadre d’une politique nationale ambitieuse de réduction des gaz à effet de serre. L’objectif était clair : rendre les véhicules propres plus accessibles, à la fois pour les particuliers et les professionnels, et améliorer la qualité de l’air, en particulier dans les centres urbains.
Cette initiative a été largement saluée par les écologistes et les consommateurs, qui y voyaient une opportunité de contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en réalisant des économies substantielles. En effet, le coût de la carte grise pouvait représenter une part non négligeable du budget d'achat d'un véhicule, et son exonération a constitué un argument de vente majeur pour les constructeurs automobiles.
Quelles conséquences pour les automobilistes ?
La fin de l'exonération de la taxe régionale représente une augmentation notable du coût d'achat d'un véhicule électrique ou à hydrogène. Cette hausse pourrait dissuader certains automobilistes de se tourner vers ces solutions, malgré leurs avantages écologiques. Cependant, il est important de noter que les économies réalisées sur le carburant et l'entretien des véhicules électriques peuvent compenser, à long terme, le coût initial plus élevé.
Sur le long terme, même si l'impact sur les ventes globales de véhicules électriques devrait rester limité, cette mesure pourrait ralentir légèrement leur progression. Le marché de l'occasion pourrait également être impacté, notamment pour les modèles puissants dont le coût d'immatriculation post-réforme deviendra moins attractif.
Réactions et perspectives
La suppression de l'exonération de la taxe régionale a suscité des réactions mitigées. Les associations de défense de l'environnement et certains consommateurs déplorent cette décision, qu'ils considèrent comme un frein à la transition énergétique. Ils appellent les régions à reconsidérer leur position et à maintenir des incitations financières pour les véhicules propres.
D'un autre côté, certains élus locaux et experts économiques estiment que cette mesure est nécessaire pour assurer l'équilibre des finances régionales et pour encourager une concurrence saine entre les différents types de véhicules. Ils soulignent également que les véhicules électriques et à hydrogène ont désormais atteint un niveau de maturité technologique et de popularité qui leur permet de se passer de certaines aides publiques.
Ce qu'il faut retenir
- À partir du 1er mai 2025, les véhicules électriques ne seront plus exonérés à 100 % de la taxe régionale sur la carte grise dans 12 régions métropolitaines.
- Les Hauts-de-France font exception : la région maintient cette exonération totale.
- Cette taxe, basée sur la puissance fiscale du véhicule, représentera un surcoût de 150 à plus de 350 €, selon le modèle et la région.
- Ce changement vise à rééquilibrer la fiscalité entre les types de motorisation et à compenser les pertes budgétaires croissantes des régions.
- Une accélération des immatriculations est attendue avant la date butoir, notamment pour profiter une dernière fois de l'exonération.
L'instauration de cette taxe marque une nouvelle étape dans la démocratisation des véhicules électriques. Si leur adoption n'est plus un phénomène marginal, leur statut fiscal évolue en conséquence.
Quoi qu'il en soit, la transition vers des modes de transport plus durables demeure une priorité pour lutter contre le changement climatique et améliorer la qualité de l'air.