Le marché automobile français vit une mutation sans précédent, avec des changements majeurs dans les préférences des conducteurs pour les voitures neuves et d'occasion. Entre 2022 et 2024, les données révèlent une transition énergétique accélérée, portée par les politiques environnementales et l'évolution des besoins.
Zoom sur les voitures neuves : les hybrides en pole position
Les chiffres nationaux pour les voitures neuves montrent une transformation rapide entre 2022 et 2024 :
- Essence : la part de l'essence chute de 37,2 % en 2022 à 29,5 % en 2024, soit une baisse de 7,7 points. Les carburants fossiles traditionnels perdent du terrain ce qui est probablement dû aux incitations fiscales (malus écologique, bonus écologique, etc.) et aux restrictions réglementaires, mais également à une offre réduite de modèles thermiques.
- Diesel : le diesel s'effondre, passant de 15,6 % à 7,3 % (-8,3 points), sous l'effet des zones à faibles émissions (ZFE) et des politiques anti-diesel.
- Hybride : les hybrides s'envolent, grimpant de 29,9 % à 42,8 % (+12,9 points). Leur succès reflète un compromis idéal entre efficacité énergétique et coût abordable.
- Electrique : les véhicules électriques progressent de 13,3 % à 16,9 % (+3,6 points), une croissance freinée par les coûts et les infrastructures de recharge encore insuffisantes.
- Autres : les carburants alternatifs (GPL, hydrogène, etc.) restent marginaux, oscillant entre 3,5 et 4 %.
Les hybrides dominent désormais le marché des voitures neuves, marquant un virage clair vers des motorisations plus écologiques.
Le marché de l'occasion : une transition au ralenti
Le marché de l'occasion, plus conservateur, évolue à un rythme différent :
- Essence : la part de l'essence reste stable à environ 40,3 % sur la période, avec une légère baisse de 0,5 point entre 2022 et 2023. Cette stabilité reflète la popularité persistante des véhicules essence dans l'occasion, souvent plus abordables avec une offre plus grande.
- Diesel : le diesel, bien que dominant en 2022 avec 52,7 %, voit sa part diminuer à 46,9 % en 2024, soit une baisse de 5,8 points. Cette réduction progressive s'explique par le vieillissement du parc diesel et une préférence croissante pour des alternatives.
- Hybride : les hybrides gagnent du terrain, passant de 4,9 % en 2022 à 9,3 % en 2024, soit une hausse de 4,4 points. Cette progression, bien que plus lente que sur le marché des neuves, indique une disponibilité croissante des technologies hybrides dans l'occasion.
- Electrique : les électriques restent marginaux, mais leur part augmente de 1,4 % en 2022 à 2,5 % en 2024, soit un gain de 1,1 point. Cette croissance limitée s'explique par la faible disponibilité de véhicules électriques d'occasion et leur coût encore élevé.
- Autres : les carburants alternatifs grimpent légèrement de 0,2 % à 1 %, portés par des niches comme le GPL ou le bioéthanol.
Le marché de l'occasion reste donc encore dominé par les motorisations thermiques (essence et diesel), mais les hybrides et, dans une moindre mesure, les électriques commencent à s'imposer, signe d'une transition énergétique progressive.
Tour de France des régions : qui mène la course écologique ?
Les dynamiques régionales révèlent des dynamiques variées, influencés par les infrastructures, les politiques locales et les habitudes de conduite.
Auvergne-Rhône-Alpes : les hybrides en tête
- Voitures neuves : les hybrides s'imposent à 43,1 % en 2024 (+14,8 points depuis 2022), suivis par l'essence (27,1 %, -9,1 points) et l'électrique (18,6 %, +4,5 points). Le diesel s'effondre à 8 % (-9,8 points). La région suit la tendance nationale, avec une forte adoption des hybrides.
- Voitures d'occasion : le diesel reste majoritaire à 45,8 % en 2024, mais perd 4,9 points. Les hybrides progressent à 7,9 % (+3,3 points), et l'essence reste stable à 41,8 %. La transition est plus lente dans l'occasion.
Bourgogne-Franche-Comté : le diesel résiste
- Voitures neuves : les hybrides atteignent 39,7 % (+12,5 points), tandis que l'essence (30,6 %, -8,4 points) et le diesel (9,5 %, -7,9 points) reculent. L'électrique progresse à 16,7 % (+3,7 points). La région suit la tendance nationale, mais avec une adoption légèrement plus lente des hybrides.
- Voitures d'occasion : le diesel domine à 51,9 % en 2024, malgré une baisse significative (-17,6 points). Les hybrides passent à 6,6 % (+2,8 points), et l'essence reste stable à 38,1 %. La part élevée du diesel reflète un parc plus ancien.
Bretagne : une vague verte
- Voitures neuves : les hybrides atteignent 39,8 % en 2024 (+13,8 points), l'électrique progresse à 19,4 % (+3,3 points), tandis que l'essence (28,1 %, -8 points) et le diesel (8,7 %, -8,7 points) déclinent. La Bretagne montre une forte adoption des motorisations écologiques.
- Voitures d'occasion : le diesel (50,6 %, -4,9 points) reste dominant, mais les hybrides (7,3 %, +3 points) et l'électrique (2,2 %, +0,8 point) gagnent du terrain. L'essence est stable à 37,7 %.
Centre-Val-de-Loire : sur la voie des hybrides
- Voitures neuves : les hybrides dominent à 40,9 % en 2024 (+13,4 points), suivis par l'essence (28,6 %, -9 points) et l'électrique (18,2 %, +4 points). Le diesel chute à 8,8 % (-8,1 points). La région suit la tendance nationale.
- Voitures d'occasion : le diesel (50,4 %, -5 points) domine, mais les hybrides (6,9 %, +2,9 points) et l'électrique (1,9 %, +0,5 point) progressent. L'essence augmente légèrement à 38,7 %.
Corse : l'essence reine
- Voitures neuves : la Corse se distingue avec une part élevée d'essence (51,7 % en 2024, +4,9 points), tandis que le diesel chute à 5,4 % (-16,2 points). Les hybrides progressent à 27,8 % (+9,9 points), mais l'électrique stagne à 9 % (-0,2 point). La faible adoption de l'électrique peut s'expliquer par un réseau de recharge limité.
- Voitures d'occasion : le diesel (50,4 %, -5 points) et l'essence (38,7 %) dominent. Les hybrides atteignent 6,9 % (+2,9 points), et l'électrique progresse à 1,9 % (+0,5 point).
Grand-Est : une transition énergique
- Voitures neuves : les hybrides dominent à 41,4 % en 2024 (+13,3 points), suivis par l'électrique (19,3 %, +3,5 points). L'essence (28,1 %, -8,1 points) et le diesel (7,7 %, -8,2 points) reculent. La région montre une forte transition énergétique.
- Voitures d'occasion : le diesel (48,5 %, -5,1 points) domine, mais les hybrides (7,4 %, +3,3 points) et l'électrique (1,9 %, +0,6 point) progressent. L'essence reste stable à 40,1 %.
Hauts-de-France : en retard sur l'électrique
- Voitures neuves : les hybrides atteignent 38,5 % en 2024 (+10,4 points), mais l'électrique (13,1 %, +3,2 points) progresse plus lentement que la moyenne nationale. L'essence (36,1 %, -3,3 points) et le diesel (7,2 %, -10,2 points) déclinent. La région est en retard sur l'électrique, probablement en raison d'un réseau de recharge moins dense.
- Voitures d'occasion : le diesel domine à 52,3 % (-4,8 points), suivi par l'essence (36,7 %). Les hybrides (7,1 %, +2,9 points) et l'électrique (1,7 %, +0,5 point) avancent timidement.
Ile-de-France : championne des hybrides
- Voitures neuves : les hybrides dominent fortement à 50,4 % en 2024 (+13,1 points), suivis par l'électrique (14,9 %, +3,8 points). L'essence (26,5 %, -8,6 points) et le diesel (6,1 %, -7,9 points) chutent. Les ZFE favorisent les motorisations écologiques.
- Voitures d'occasion : l'essence (44,1 %) devance le diesel (36,5 %, -7,2 points). Les hybrides (13,6 %, +5,2 points) et l'électrique (3,3 %, +1,7 point) progressent fortement, reflétant l'influence des restrictions urbaines.
Normandie : dans le peloton
- Voitures neuves : les hybrides atteignent 39,1 % en 2024 (+13,1 points), suivis par l'essence (36,1 %, -9,3 points) et l'électrique (13,4 %, +1,3 point). Le diesel chute à 7,3 % (-5,5 points). La région suit la tendance nationale.
- Voitures d'occasion : le diesel (49,2 %, -4,8 points) domine, suivi par l'essence (39,5 %). Les hybrides (7,1 %, +3 points) et l'électrique (2 %, +0,6 point) progressent.
Nouvelle-Aquitaine : vers un futur vert
- Voitures neuves : les hybrides dominent à 41,3 % (+12,3 points), suivis par l'électrique (16,8 %, +3,6 points). L'essence (30,3 %, -6,7 points) et le diesel (7,8 %, -7,3 points) reculent.
- Voitures d'occasion : le diesel (49,2 %, -5 points) et l'essence (38,9 %) dominent. Les hybrides (7,6 %, +3,2 points) et l'électrique (2 %, +0,7 point) progressent.
Occitanie : l'électrique en pointe
- Voitures neuves : les hybrides atteignent 40,6 % (+10,7 points), mais l'électrique (20,5 %, +4,8 points) brille. L'essence (27,9 %, -6,7 points) et le diesel (7,4 %, -7,8 points) déclinent.
- Voitures d'occasion : le diesel (49,4 %, -4,4 points) domine, suivi par l'essence (38,6 %). Les hybrides (7,4 %, +3 points) et l'électrique (2,3 %, +0,8 point) progressent.
Pays-de-la-Loire : une accélération verte
- Voitures neuves : les hybrides dominent à 41,2 % en 2024 (+12,2 points), suivis par l'électrique (19,8 %, +5,5 points). L'essence (26,4 %, -7,7 points) et le diesel (9,1 %, -9,1 points) reculent.
- Voitures d'occasion : le diesel (50,6 %, -4,5 points) domine, suivi par l'essence (37,7 %). Les hybrides (7,2 %, +2,8 points) et l'électrique (2,2 %, +0,8 point) progressent.
Provence-Alpes-Côte-d'Azur : l'électrique au soleil
- Voitures neuves : les hybrides dominent à 42,6 % (+12,3 points), suivis par l'électrique (20,9 %, +3,8 points). L'essence (27,2 %, -10 points) et le diesel (5,4 %, -5,9 points) chutent.
- Voitures d'occasion : l'essence (44,7 %) devance le diesel (41,5 %, -5,8 points). Les hybrides (8,7 %, +3,6 points) et l'électrique (2,6 %, +1,2 point) progressent.
Les régions au banc d'essai : qui se distingue ?
La comparaison des régions met en évidence des tendances communes, mais aussi des particularités marquées, reflétant les différences économiques, géographiques et réglementaires :
- Dominance des hybrides : l’Ile-de-France se distingue avec la plus forte part d'hybrides pour les voitures neuves en 2024 (50,4 %), bien au-dessus de la moyenne nationale (42,8 %). Cette prédominance s'explique par les ZFE strictes et une population urbaine sensibilisée aux enjeux environnementaux. À l'inverse, la Corse affiche la part la plus faible d'hybrides (27,8 %), en raison de sa dépendance à l'essence et d'une infrastructure de recharge limitée.
- Corse, l'empire de l'essence : La Corse est une exception notable, avec 51,7 % des immatriculations de voitures neuves en essence en 2024, soit une augmentation de 4,9 points depuis 2022 et la part la plus élevée de France. Cette particularité peut être attribuée à une faible densité de bornes de recharge, un réseau routier adapté aux véhicules thermiques et une économie touristique favorisant des véhicules polyvalents.
- Electrique - le sud en tête : Provence-Alpes-Côte d'Azur (20,9 %) et Occitanie (20,5 %) enregistrent les parts les plus élevées de véhicules électriques neufs en 2024, dépassant la moyenne nationale (16,9 %). Ces régions bénéficient d'infrastructures de recharge plus développées et d'un climat favorable à l'électrique. À l'inverse, la Corse (9 %) et les Hauts-de-France (13,1 %) affichent les parts les plus faibles, probablement en raison d'un réseau de recharge insuffisant et d'une moindre incitation économique.
- Diesel en sursis : Toutes les régions montrent une forte baisse du diesel pour les voitures neuves, mais la Corse (5,4 %) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (5,4 %) enregistrent les parts les plus basses en 2024, reflétant des politiques locales strictes et une transition rapide vers d'autres motorisations. Bourgogne-Franche-Comté conserve la part la plus élevée (9,5 %), probablement en raison de zones rurales où le diesel reste apprécié.
- Marché de l'occasion : l'Ile-de-France se démarque avec une part importante d'hybrides (13,6 %) et d'électriques (3,3 %) dans l'occasion, dépassant largement les autres régions. Cela reflète un parc automobile plus récent et l'influence des ZFE. En revanche, Bourgogne-Franche-Comté (51,9 %) et Hauts-de-France (52,3 %) conservent les parts de diesel les plus élevées dans l'occasion, indiquant un parc plus ancien et une transition plus lente.
- Rural vs. urbain : les régions à forte urbanisation (Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur) montrent une adoption plus rapide des motorisations écologiques (hybrides et électriques), tandis que les régions plus rurales (Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France) restent attachées au diesel dans l'occasion. Cette dichotomie reflète les différences d'infrastructures et de priorités économiques.
- Carburants alternatifs : les "autres" carburants (GPL, bioéthanol, etc.) restent marginaux, mais la Corse (6 %) et les Hauts-de-France (5 %) affichent des parts légèrement plus élevées pour les voitures neuves en 2024, peut-être en raison de flottes spécifiques ou de niches locales.
Et demain ? Vers une France plus verte
Entre 2022 et 2024, le marché automobile français montre une transition énergétique claire. Les voitures neuves s'orientent massivement vers les hybrides, qui dominent dans toutes les régions sauf en Corse, où l'essence reste prédominante avec 51,7 % des immatriculations neuves. Les véhicules électriques progressent, particulièrement en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Occitanie, tandis que les régions comme les Hauts-de-France et la Corse restent en retard.
Le marché de l'occasion reste dominé par le diesel et l'essence, mais les hybrides et électriques gagnent du terrain, surtout en Île-de-France. Les particularités régionales, comme la forte part d'essence en Corse ou la dominance des hybrides en Île-de-France, reflètent les différences en matière d'infrastructures, de politiques locales et d'usages. Ces tendances soulignent l'importance d'adapter les politiques de transition énergétique aux contextes régionaux pour accélérer l'adoption des motorisations écologiques.
Une chose est sûre : la France roule vers un avenir plus vert, mais à des vitesses différentes selon les régions.