Ces dernières années, le marché des véhicules électriques est en pleine expansion. Selon ACEA, plus de 1,5 millions de véhicules électriques neufs ont été immatriculés dans toute l’Union Européenne en 2023. Cette augmentation de 37 % par rapport à 2022 hisse leur part de marché à 14,6 % dans l’UE.
En France, leur part de marché passe de 21,8 % en 2022 à 24,4 % en 2023 (toujours selon ACEA). Les immatriculations de voitures électriques neuves ont augmenté de 16,8 % l’année dernière. La diversification des modèles électriques disponibles est certainement une des raisons pour cette augmentation.
On peut également supposer que les différentes mesures pour pénaliser les véhicules thermiques (malus écologiques, interdictions de circulation, etc.), mais également les différentes aides à l’achat rendent les véhicules électriques plus attractifs. Mais y a-t-il un impact mesurable du bonus écologique sur les ventes de véhicules électriques ?
Bonus écologique, l’aide à l’achat européenne
Malgré une fiscalité automobile très diversifiée dans les différents pays en Europe, 23 sur les 31 pays européens accordent une aide à l’achat d’un véhicule propre (zéro émissions). La France fait partie des 8 pays qui propose une prime additionnelle pour la mise en destruction d’un vieux véhicule.
Les dispositifs européens du bonus-malus écologique trouvent leur origine dans le Grenelle de l’environnement de 2007. L’objectif principal reste inchangé car il s’agit du verdissement du parc automobile pour lutter contre le réchauffement climatique. Les Etats membre voulait baisser le taux d’émissions de CO2 moyen à 95 g/km en 13 ans, c’est-à-dire en 2020.
Même si la France a réussi à baisser les émissions de CO2 moyenne d’environ 20 g/km – la moyenne du parc automobile français est passée de 149,4 g/km en 2011 à 128,3 g/km en 2022 – elle reste encore loin de cet objectif. D’autres pays comme notamment les Pays-Bas, la Suède ou encore la Norvège qui a divisé par trois son taux d’émissions de CO2 moyen. Celui-ci passe de 97 g/km en 2015 à 37 g/km en 2020 !
L’impact sur les ventes de véhicules électriques
Il est difficile de juger l’impact du bonus écologique sur les ventes de véhicules électriques. En effet, au moment de son instauration en 2008, l’offre de modèles électriques n’était pas généreuse, pour ne pas dire inexistante.
Peu de modèles disponibles
En effet, ce n’est qu’au début des années 2010 que le véhicule électrique fait son entrée dans la gamme des constructeurs automobile en Europe. On peut citer la Renault Fluence Z.E. sortie en 2011, la Nissan Leaf en 2010 ou la Tesla Model S en 2012.
Malgré l’aide, la voiture électrique n’était donc pas forcément très attractive.
Ventes stationnaires
Selon les données des années 2016 à 2023, centralisées par le CCFA (Comité des Constructeurs Français d’Automobiles), les ventes de véhicules électriques sont restées quasiment stationnaires entre 2016 et 2018 :
- 42 277 unités vendus en 2016
- 45 597 unités vendus en 2018
Il s’agit d’une petite augmentation de même pas 8 % en 2 ans ! En 2018, les véhicules électriques ne représentaient que 2,1 % des ventes de véhicules. L’année suivantes, ce n’est pas beaucoup mieux : 2,8 % des ventes avec 61 419 exemplaires vendus.
Changement en 2020
C’est en 2020 que les choses changent : les ventes de véhicules électriques neufs progressent de 202,4 % entre 2019 et 2020 pour atteindre presque 186 000 unités vendues. En 2021, avec plus de 303 000 exemplaires (+ 63,2 %), il se vend en France autant de véhicules électriques qu’il s’en vendait dans toute l’Union Européenne en 2016 !
Cette augmentation coïncide avec la publication du « Fit for 55 » en Juillet 2021. La mesure la plus connue de ce paquet de propositions législatives de la Commission Européenne : l’interdiction de commercialisation de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.
Depuis, le segment des véhicules électriques s’est considérablement diversifié et presque tous les constructeurs automobiles proposent au moins un modèle électrique dans leur gamme. Couplé à des autonomies de plus en plus grandes, la voiture électrique devient donc beaucoup plus attractive.
L’impact du durcissement du bonus écologique
Le bonus écologique n’a donc pas joué un rôle majeur dans l’augmentation des ventes de véhicules neufs depuis son instauration. En effet, selon le Journal Auto qui a analysé les chiffres de France Stratégie, le dispositif du bonus-malus écologique ne serait responsable que de 40 % des augmentations de ventes entre 2019 et 2021.
S’il n’a pas d’impact considérable d’une manière générale, les modifications de ses barèmes en ont. Comme vous pouvez le constatez ci-dessous, on note une plus forte augmentation des ventes de véhicules électriques neufs au dernier trimestre 2023 après l’annonce du durcissement du bonus écologique en 2024 :
En Décembre 2023, juste avant l’entrée en vigueur du nouveau bonus, les immatriculations de véhicules électriques neufs ont atteint 40 065 exemplaires, voitures particulières et véhicules utilitaires confondus. Leur part de marché était alors de 18,48 %.
En Janvier, ces chiffres ont dégringolé de 46,5 % pour 21 453 véhicules immatriculés.