La Normandie, longtemps reconnue comme l’une des régions les moins chères de France en matière de coût d’immatriculation, a opéré un virage radical ces dernières années. Après plus d’une décennie de stabilité, le prix du cheval fiscal dans cette région a connu une augmentation record de 71,5 % en seulement deux ans, bouleversant les habitudes des automobilistes normands.
Une stabilité historique remise en cause
Pendant plus de dix ans, le tarif du cheval fiscal en Normandie est resté figé à 35 €. Même la réforme des régions, qui avait poussé certaines collectivités à revoir leurs prix à la hausse, n’avait pas ébranlé cette constance. A l’époque, il n’y avait pas besoin d’homogénéiser le tarif, les deux régions (Haute-Normandie et Basse-Normandie) appliquaient le même prix du cheval fiscal.
Ce tarif avantageux plaçait la Normandie parmi les régions les plus attractives pour les démarches d’immatriculation, un atout non négligeable pour les habitants et les nouveaux arrivants.
Une première augmentation marquante en 2024 et un record national en 2025
Le tournant a eu lieu en 2024, avec une augmentation significative de 31,4 %. Le prix du cheval fiscal est passé de 35 € à 46 €, surpassant le record précédent détenu par La Réunion, où la hausse avait atteint 30,8 % entre 2018 et 2019. Cette première revalorisation a marqué la fin d’une ère de stabilité et a signalé un changement de politique dans la gestion des finances régionales liées aux immatriculations.
L’année 2025 a vu la Normandie franchir un nouveau cap, devenant la première région de France à annoncer son intention d’aligner le prix du cheval fiscal sur le plafond maximal autorisé par la loi, soit 60 €. Cette nouvelle hausse, qui représente une augmentation supplémentaire de 25 % par rapport à 2024, place désormais la région parmi les plus chères du pays en matière de coût d’immatriculation. En l’espace de deux ans, le tarif a ainsi bondi de 71,5 %, un record historique qui surprend autant qu’il interroge.
Fin de l’exonération des véhicules dit-propres en 2024
Comme d’autres régions, la Normandie a mis fin à l’exonération des véhicules dit-propres en même temps que l’augmentation du prix du cheval fiscal en 2024. Alors que les véhicules hybrides ou ceux fonctionnant au GPL, GNV ou superéthanol E85 bénéficiaient d’une exonération totale de la taxe régionale, depuis le 1er janvier 2024, leurs propriétaires doivent payer l’intégralité du prix de la carte grise.
Pour l’instant, les immatriculations des véhicules 100 % électriques sont toujours exonérées de taxe régionale - leurs cartes grises coûtent que 13,76 €. Toutefois, avec la récente modification du Code des impositions, les régions ont désormais le droit de décider du taux d’exonération. Il est donc tout à fait possible que la Normandie décide de réduire l’exonération à 50 %, par exemple, dans les années à venir.
Les raisons derrière cette flambée
Si les motivations exactes de cette politique tarifaire ne sont pas toujours explicitées, plusieurs hypothèses émergent. Certains y voient une volonté de rattraper un « retard » accumulé au fil des années de gel des prix, tandis que d’autres évoquent des besoins accrus de financement pour des projets régionaux. Quelle qu’en soit la cause, cette évolution brutale ne passe pas inaperçue et aura des répercussions sur le budget des automobilistes normands.
Un impact concret pour les habitants
Voici deux exemples concrets pour visualiser l’impact sur la taxe régionale de cette augmentation du tarif unitaire :
Exemple d’une Toyota Yaris avec 5 chevaux fiscaux
Pour un véhicule de 5 chevaux fiscaux, par exemple, le coût de la carte grise en Normandie est passé de 175 € en 2023 à 300 € en 2025 :
- 2016 : 175 €
- 2023 : 175 €
- 2024 : 230 €
- 2025 : 300 €
Exemple d’un Dacia Duster en version 7 chevaux fiscaux
Pour un Dacia Duster, le montant de la taxe régional a augmenté de 175 € en 2 ans :
- 2016 : 245 €
- 2023 : 245 €
- 2024 : 322 €
- 2025 : 420 €
Une différence significative qui risque de peser sur le pouvoir d’achat, notamment pour les foyers modestes ou les propriétaires de plusieurs véhicules. Cette flambée des prix de la carte grise pourrait également influencer le marché automobile local, en incitant certains à reporter leurs achats ou à se tourner vers des véhicules moins puissants.
La Normandie, un cas à part ?
Avec cette trajectoire, la Normandie se distingue nettement des autres régions françaises. Là où certaines ont opté pour des augmentations progressives ou modérées, la région normande a choisi une approche radicale. Reste à savoir si cette décision inspirera d’autres collectivités à suivre le même chemin ou si elle restera une exception dans le paysage national.
En conclusion, l’évolution du prix des cartes grises en Normandie illustre une transformation profonde, passant d’un modèle de stabilité à une politique de rattrapage accéléré. Les automobilistes de la région, désormais confrontés à un cheval fiscal parmi les plus élevés de France, devront s’adapter à cette nouvelle réalité budgétaire.