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La région Grand-Est est née de la fusion des anciennes régions Lorraine, Champagne-Ardenne et Alsace. Elle a connu une évolution significative du prix des cartes grises au cours des dix dernières années. Cette évolution reflète non seulement les politiques régionales, mais aussi les dynamiques économiques et environnementales qui influencent le marché automobile.

Cette analyse détaillée permet de comprendre les changements successifs et leur impact sur les automobilistes de la région.

La fusion des régions : harmonisation et premières augmentations

La création de la région Grand-Est en 2016 a nécessité une harmonisation des tarifs entre les trois anciennes régions. Avant cette fusion, les trois régions avaient des tarifs différents :

  • 45 € en Lorraine
  • 36,50 € en Champagne-Ardenne
  • 35 € en Alsace

Pour simplifier la gestion administrative et éviter les disparités, le nouveau Conseil Régional avait adopté un tarif unique de 42 €. Cette harmonisation a été progressive, s'étalant sur plusieurs années jusqu'en 2019.

L'objectif de cette harmonisation était double :

  • Simplifier les procédures administratives pour les citoyens et les professionnels de l'automobile
  • Assurer une certaine équité fiscale entre les départements de la nouvelle région.

Cependant, cette mesure a également augmenté le coût de l'immatriculation pour les habitants des départements où le tarif était initialement plus bas.

Les augmentations successives : une réponse aux défis économiques

À partir de 2019, la région Grand-Est a été la première à répercuter la crise du marché automobile sur le coût de l'immatriculation. Plusieurs facteurs ont contribué à cette crise, notamment :

  • la baisse des ventes de véhicules neufs
  • l'augmentation des coûts de production
  • les nouvelles réglementations environnementales

La première hausse majeure

Pour compenser ces difficultés, la région a augmenté le prix du cheval fiscal de 14,3 % passant de 42 € à 48 € entre 2019 et 2022.

Cette augmentation a eu un impact direct sur les automobilistes de la région. Le coût total de l'immatriculation d'un véhicule dépend de plusieurs facteurs, dont la puissance fiscale du véhicule et le tarif du cheval fiscal. Ainsi, une augmentation de 6 € par cheval fiscal peut représenter une somme.

Par exemple, pour un véhicule de 10 chevaux fiscaux, le coût de l'immatriculation est passé de 420 € à 480 €, soit une augmentation de 60 €.

Suppression de l'exonération pour les véhicules propres

En parallèle de l'augmentation du tarif du cheval fiscal en 2022, la région Grand-Est a également décidé de supprimer totalement l'exonération pour les véhicules dit-propres. Cette dernière, qui visait initialement à encourager l'achat de véhicules moins polluants, a été abandonnée en raison des contraintes budgétaires et de la nécessité de trouver de nouvelles sources de revenus.

La suppression de cette exonération a eu des répercussions importantes sur le marché des véhicules dit-propres. Les automobilistes qui envisageaient d'acheter un véhicule hybride ou fonctionnant au GPL ont dû faire face à des coûts d'immatriculation plus élevés. Cependant, cette mesure a également permis de générer des revenus supplémentaires pour la région, qui ont pu être réinvestis dans d'autres initiatives environnementales ou infrastructures.

Nouvelle augmentation en 2025 : +25 %

En 2025, le prix du cheval fiscal a subi une nouvelle augmentation de 25 %, passant de 48 € à 60 € faisant du Grand-Est une des régions les plus chères de France. Cette augmentation substantielle s'inscrit dans un contexte de reprise économique post-crise sanitaire et de transition écologique.

 

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Les autorités régionales ont justifié cette hausse par la nécessité de compenser les pertes de revenus liées à :

  • La réduction des dotations des régions
  • Les pertes dues à la crise automobile
  • L’augmentation des immatriculations de voitures électriques toujours exonérées de taxe régionale

 

En même temps, les dépenses des régions augmentent notamment pour :

  • Améliorer les infrastructures routières
  • Développer les transports en commun
  • Soutenir les initiatives en faveur de la mobilité durable

Impact sur les automobilistes et le marché de l’automobile du Grand-Est

L'évolution du prix des cartes grises en région Grand-Est a eu des conséquences multiples pour les automobilistes et le marché automobile. Tout d’abord, les augmentations successives ont eu des répercussions sur le comportement des automobilistes :

  • Une tendance accrue à l'achat de véhicules de plus faible puissance fiscale
  • L’incitation à conserver leur véhicule actuel plus longtemps, plutôt que d'en acheter un nouveau
  • Une réflexion approfondie sur le choix du véhicule en fonction de sa carburation et sa puissance fiscale

Cela a eu un impact direct sur le marché automobile en Grand-Est avec une baisse de - 3% des immatriculations de voitures neuves en 2024, par exemple. Sur les deux premiers mois de 2025, les immatriculations de voitures neuves chutent de -30 %, tandis que le marché des voitures d’occasion perd -12 %.

 

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Pour mieux comprendre l'impact de ces augmentations, prenons quelques exemples concrets :

L’évolution de la taxe régionale d’une voiture de 5 chevaux fiscaux

Les voitures les plus vendues en France en 2024 existent toutes en version 5 chevaux fiscaux (CV). Qu’il s’agisse d’une Renault Clio, d’une Peugeot 208 ou d’une Dacia Sandero, voici l’évolution du montant de la taxe régionale d’une voiture de 5 chevaux fiscaux :

  • 2019 : 210 € (42 € × 5)
  • 2022 : 240 € (48 € × 5)
  • 2025 : 300 € (60 € × 5)

Soit une augmentation totale de 90 € (+42,9%) entre 2019 et 2025. Comparé au coût de la taxe régionale avant la réforme régionale, le montant a, par exemple, presque doublé dans les départements de l’ancienne région Champagne-Ardenne :

L’évolution de la taxe régionale d’une voiture de 7 chevaux fiscaux

Le prix de la carte grise d’une Peugeot 2008 ou d’un Dacia Duster de 7 CV (en version 7 chevaux fiscaux) a augmenté de 126 € entre 2019 et 2025 :

  • 2019 : 294 € (42 € × 7)
  • 2022 : 336 € (48 € × 7)
  • 2025 : 420 € (60 € × 7)

Perspectives d'avenir

Pour l’instant, le Grand-Est a atteint le prix du cheval fiscal maximal autorisé par la loi. Sans modification de la législation, les automobilistes du Grand-Est pourront s’attendre à une stabilisation de leurs taxe régionale après la hausse de 2025.

Toutefois, il est possible qu’il y ait des adaptations en fonction de l'évolution du marché automobile. On pourrait également s’imaginer l'introduction de nouvelles politiques tarifaires liées aux enjeux environnementaux.

D’une manière générale, la région devra faire face à plusieurs défis :

  • L'équilibre entre ressources fiscales et attractivité territoriale
  • L'adaptation aux nouvelles mobilités
  • La prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux

L’évolution tarifaire dans le Grand-Est : l’illustration des challenges des régions

L'évolution du prix des cartes grises dans le Grand-Est illustre les défis auxquels font face les régions françaises. Entre nécessité de financement et adaptation aux nouvelles réalités du marché automobile, la région a choisi une politique d'augmentation progressive mais significative de ses tarifs. Cette évolution a atteint son point culminant en 2025 avec un tarif de 60 € par cheval fiscal. Elle place le Grand-Est parmi les régions les plus chères de France en matière de carte grise.

Cette situation soulève des questions importantes sur l'équilibre entre les besoins de financement régionaux et l'accessibilité à la mobilité pour tous les habitants. En effet, de l'harmonisation initiale du tarif du cheval fiscal à la suppression de l'exonération pour les véhicules propres, en passant par les augmentations successives du tarif, ces changements ont eu des conséquences importantes pour les automobilistes et le marché automobile.

À l'avenir, il sera crucial pour les autorités régionales de continuer à adapter leur politique en matière de cartes grises, en tenant compte des dynamiques économiques, environnementales et sociales. En trouvant un équilibre entre la nécessité de générer des revenus et celle de soutenir la transition vers des véhicules plus propres, la région Grand-Est pourra contribuer à un avenir plus durable pour ses habitants.

Vanessa Lenormand
Publié par
Responsable rédactionnel
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