L'année 2025 s'annonce comme une période de changements significatifs pour les automobilistes français, avec une vague d'augmentations des tarifs des cartes grises qui se poursuit. Après plusieurs revalorisations au 1er janvier, trois nouvelles régions s'apprêtent à modifier leurs tarifs en février, tandis que d'autres pourraient suivre dans les prochains mois. Cette tendance à la hausse pourrait s'accélérer avec l'éventuel déplafonnement du prix maximum autorisé par cheval fiscal, actuellement fixé à 60 euros.
Un contexte économique tendu pour les régions
La carte grise, ou certificat d'immatriculation, représente une source de revenus importante pour les régions françaises. Ces dernières disposent de l'autonomie pour fixer le tarif du cheval fiscal sur leur territoire, dans la limite du plafond national de 60 euros.
Cette taxe régionale constitue l'une des rares ressources dont les collectivités peuvent moduler le montant, dans un contexte où leurs charges augmentent et où elles doivent faire face à de nouveaux défis, notamment en matière de transition écologique et de développement des infrastructures.
De nouvelles hausses significatives au 1er février 2025
La Bretagne et le Grand-Est avaient déjà annoncé fin 2024 leur intention d’augmenter le prix de leur cheval fiscal comme nous vous l’avions indiqué dans notre article du 30 décembre 2024. Ces hausses sont désormais confirmées et entreront en vigueur samedi prochain, le 1er février.
5 euros de plus : la Bretagne atteint le plafond national
Alors que le prix du cheval fiscal avait déjà augmenté de 4 euros en Bretagne en Mai 2023, il passera de 55 à 60 euros au 1er février 2025. Il s’agit d’une augmentation de + 9,1 %.
Cette modification place la région au niveau du plafond national, rejoignant ainsi plusieurs autres territoires qui ont déjà adopté ce tarif maximum. Pour un véhicule de 6 chevaux fiscaux, cela représente une augmentation de 30 euros sur le coût total de la carte grise.
25 % d’augmentation : une hausse marquée dans le Grand-Est
La région Grand-Est appliquera une augmentation plus significative. Son tarif passe de 48 euros au montant maximal légalement autorisé de 60 euros, soit une hausse de 25 %.
Cette décision représente un changement majeur pour les habitants de la région. Pour illustrer l'impact de cette mesure, prenons l'exemple d'un véhicule de 7 chevaux fiscaux : le coût de la carte grise augmentera de 84 euros, passant de 336 à 420 euros.
La Réunion revoit ses tarifs à la hausse
Le département d'outre-mer de La Réunion n'échappe pas à cette tendance avec une augmentation de 51 à 57 euros, soit une hausse de 11,8%.
Cette revalorisation, bien que significative, maintient le tarif en-dessous du plafond national, laissant la possibilité d'ajustements futurs.
Les Hauts-de-France : un double enjeu en discussion
La région Hauts-de-France se trouve à un tournant important avec deux décisions majeures en discussion lors du Conseil Régional du 30 janvier.
Une possible augmentation des tarifs
La première proposition concerne une augmentation du tarif du cheval fiscal de 36,20 à 42 euros, ce qui représenterait une hausse de 16%. Si cette mesure était adoptée, elle placerait tout de même la région parmi celles pratiquant les tarifs les plus modérés de France métropolitaine.
L'avenir de l'exonération des véhicules propres en question
La seconde décision, potentiellement plus impactant pour certains automobilistes, concerne la possible suppression de l'exonération pour les véhicules dit-propres. Les Hauts-de-France sont actuellement la dernière région à maintenir cette mesure incitative.
Pour l’instant, les propriétaires de véhicules écologiques bénéficient d'une réduction de 50 % sur le coût de la taxe régionale de leur carte grise. La suppression de cette exonération marquerait la fin d'une époque et pourrait avoir des répercussions sur les choix des automobilistes en matière de motorisation.
Rappel des augmentations du 1er janvier 2025
Plusieurs régions ont déjà procédé à des revalorisations de leurs tarifs en ce début d'année. Les nouveaux tarifs en vigueur depuis le 1er janvier 2025 sont :
- Normandie : 60 euros
- Centre-Val de Loire : 60 euros
- Provence-Alpes-Côte d'Azur : 59 euros
- Nouvelle-Aquitaine : 53 euros
- Corse : 43 euros
Le déplafonnement du cheval fiscal à l'étude
Rappelons que le prix du cheval fiscal, qui sert de base au calcul du montant de la taxe régionale d'immatriculation, est fixé par chaque région, dans une fourchette définie par la loi. Depuis plusieurs mois, de nombreuses régions ont choisi d'augmenter ce tarif, parfois de manière significative.
En effet, les régions font face à des besoins financiers de plus en plus importants. L'entretien des infrastructures routières, le développement des transports en commun, les investissements dans l'environnement... autant de dépenses qui nécessitent des ressources considérables. Or, la taxe sur l’immatriculation des véhicules est l'un des derniers leviers de financement des régions.
Tandis que l’amendement de passer le plafond du prix du cheval fiscal de 60 euros à 80 euros a été rejeté l’année dernière, le gouvernement envisage maintenant de déplafonner le prix maximal du cheval fiscal. Les élus discutent également de fixer un prix plancher à 60 euros.
Les enjeux du déplafonnement
Cette mesure, si elle était adoptée, représenterait un changement majeur dans la politique de tarification des cartes grises en France. Les régions auraient alors la possibilité d'augmenter leurs tarifs sans limite, ce qui soulève plusieurs questions :
- Quel serait l'impact sur le pouvoir d'achat des ménages ?
- Comment éviter une trop grande disparité entre les régions ?
- Quelles seraient les conséquences sur le marché automobile ?
Les implications pour les automobilistes
Cette perspective de déplafonnement suscite des inquiétudes légitimes chez les automobilistes. En effet, elle intervient dans un contexte où les automobilistes font déjà face à une augmentation générale du coût de la mobilité. La hausse des prix des carburants, l'augmentation des tarifs d'assurance, le renforcement des restrictions de circulation dans les zones urbaines et le coût croissant de l'entretien des véhicules pèsent déjà lourdement sur les budgets des ménages.
La position des associations d'automobilistes
Plusieurs associations de défense des automobilistes ont déjà fait part de leurs préoccupations quant à cette possible évolution. Elles soulignent notamment le risque d'une fiscalité automobile de plus en plus lourde, qui pourrait pénaliser particulièrement les ménages modestes et les habitants des zones rurales, plus dépendants de leur véhicule.
Cette mesure permettrait aux régions d'augmenter encore davantage leurs recettes, mais elle pourrait également entraîner une hausse importante du coût des cartes grises pour les automobilistes.
Quelles conséquences pour les automobilistes ?
L'augmentation du prix de la carte grise, observée dans de nombreuses régions françaises, pèse de plus en plus lourd sur le budget des ménages. Si les collectivités territoriales justifient ces hausses par des besoins financiers croissants, les automobilistes, en particulier les plus modestes, peinent à assumer cette charge supplémentaire.
Le coût de la carte grise a effectivement des répercussions directes sur le quotidien des ménages. Au-delà de l'impact sur le budget, cette hausse peut entraîner des choix difficiles et limiter la mobilité de certains.
Un frein à la mobilité rurale
Dans les zones rurales, où les transports en commun sont souvent moins développés, la voiture est souvent indispensable pour accéder aux services et aux emplois. L'augmentation du coût de la carte grise peut donc accentuer l'isolement de ces territoires et pénaliser les habitants.
Des difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle
Pour de nombreux actifs, la voiture est un outil de travail indispensable. Une hausse du coût de la carte grise peut rendre difficile la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, notamment pour les personnes qui doivent faire de longs trajets domicile-travail.
Un changement dans le comportement de consommateurs
Face à l'augmentation des coûts d'immatriculation, certains automobilistes peuvent être tentés de conserver leur véhicule plus longtemps, même s'il est énergivore ou polluant. Cela peut ralentir le renouvellement du parc automobile et freiner la transition vers des véhicules plus propres.
Impact sur le marché automobile
Un secteur déjà fragilisé
Le marché automobile français traverse actuellement une période particulièrement délicate, comme en témoigne la baisse de 3,2% des immatriculations de voitures neuves enregistrée en 2024.
Cette situation préoccupante s'explique par la combinaison de plusieurs facteurs : la hausse générale du coût de la vie impactant le pouvoir d'achat des ménages, les incertitudes liées aux situations géopolitiques et l’instabilité de la politique nationale, mais aussi l'augmentation des taux d'intérêt rendant le financement automobile plus coûteux.
Le marché de l'occasion, qui avait montré des signes positifs avec une hausse de 2,9% des immatriculations en 2024, pourrait également pâtir de ces nouvelles augmentations de taxes régionales.
Des conséquences multiples sur les comportements d'achat
Les hausses successives du prix des cartes grises s'ajoutent en effet à un ensemble de mesures qui pèsent sur le budget automobile des Français. Le possible durcissement du malus écologique pourrait encore augmenter le coût d'acquisition des véhicules neufs, tandis que les restrictions de circulation dans les zones à faibles émissions contraignent certains automobilistes à changer de véhicule.
Cette accumulation de charges aura probablement des répercussions importantes sur le marché du neuf. On peut s'attendre à des reports ou des annulations de projets d'achat, ainsi qu'à une orientation vers des modèles de plus petite cylindrée pour limiter le coût de la carte grise. Le déclin des grosses cylindrées, déjà pénalisées par le malus écologique, pourrait s'accélérer, entraînant potentiellement des pertes d'emplois dans le secteur de la distribution automobile.
Le marché de l'occasion n'est pas épargné par ces évolutions. La dynamique positive observée en 2024 pourrait ralentir, conduisant à une augmentation de l'âge moyen du parc automobile français. Le marché des véhicules de faible puissance fiscale pourrait se développer davantage, tandis que les prix des véhicules d'occasion récents risquent de connaître des tensions.
Les professionnels du secteur automobile inquiets
Les acteurs de la filière automobile expriment leurs vives préoccupations face à cette situation. Les constructeurs redoutent un impact sur leurs ventes dans un contexte déjà difficile, tandis que les concessionnaires anticipent une baisse de fréquentation de leurs points de vente. Les professionnels de l'occasion, quant à eux, craignent un ralentissement des transactions. Paradoxalement, le secteur de l'après-vente pourrait bénéficier d'un vieillissement du parc automobile.
Les perspectives pour 2025 restent mitigées. La multiplication des taxes et charges pourrait accentuer la baisse des ventes de véhicules neufs, tandis que le marché de l'occasion risque de voir sa croissance freinée par l'augmentation des coûts administratifs. Les disparités régionales en matière de prix des cartes grises pourraient créer des distorsions de marché, obligeant le secteur automobile à s'adapter à ces nouvelles contraintes tout en poursuivant sa transformation vers l'électrification.
Les perspectives pour 2025
Cette vague d'augmentations des tarifs des cartes grises s'inscrit dans un contexte plus large de transformation de la mobilité en France. Les régions, confrontées à des besoins de financement croissants, utilisent ce levier fiscal pour renforcer leurs ressources. Avec le possible déplafonnement du tarif maximum, cette tendance à la hausse pourrait s'accentuer dans les années à venir.
Les automobilistes doivent désormais anticiper ces changements lors de l'achat d'un nouveau véhicule et prendre en compte ces coûts administratifs dans leur budget automobile. Il devient essentiel de se tenir informé des évolutions réglementaires dans sa région et d'étudier les alternatives de mobilité disponibles sur son territoire.
Dans ce contexte évolutif, il devient crucial pour les usagers de bien évaluer l'ensemble des coûts liés à la possession d'un véhicule, la carte grise n'étant qu'un élément parmi d'autres dans un budget automobile de plus en plus conséquent.