Depuis le 1er mars 2025, le malus écologique s’est considérablement durcit, notamment avec l'introduction du nouveau coefficient de vétusté pour les voitures d'occasion. Celui-ci vient remplacer l’ancien système d’abattement linéaire.
Cette modification a un impact direct sur le calcul du malus pour les voitures d'occasion, et il est essentiel pour les automobilistes de comprendre ces changements. Dans cet article, nous allons explorer en détail les nouvelles règles et leur impact avec des exemples concrets.
Qu’est-ce que le malus écologique ?
Le malus écologique est une taxe additionnelle qui s’applique lors de la première immatriculation d'un véhicule neuf ou d'occasion en France. Le montant du malus est déterminé en fonction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) du véhicule, mesurées en grammes par kilomètre (g/km).
Il a été mis en place pour inciter les automobilistes à opter pour des véhicules moins polluants et ainsi réduire l'empreinte carbone du parc automobile français. Depuis son introduction, le malus a connu plusieurs ajustements, devenant de plus en plus strict au fil des ans.
Les changements en 2025
Voici les principaux changements concernant le malus écologique :
Nouveau coefficient de vétusté
Jusqu'à présent, les voitures d'occasion bénéficiaient d'un abattement de 10 % par année entamée depuis leur première immatriculation. Cependant, depuis le 1er mars 2025, ce système a été remplacé par un coefficient forfaitaire de décote.
Le nouveau coefficient de vétusté introduit une approche plus nuancée. Il établit un barème progressif de décote, exprimé en pourcentage, en fonction de l'ancienneté du véhicule, mesurée en mois.
Voici le nouveau barème :
Ancienneté du véhicule (en mois) |
Coefficient forfaitaire de décote (en %) |
De 1 à 3 | 3 |
De 4 à 6 | 6 |
De 7 à 9 | 9 |
De 10 à 12 | 12 |
De 13 à 18 | 16 |
De 19 à 24 | 20 |
De 25 à 36 | 28 |
De 37 à 48 | 33 |
De 49 à 60 | 38 |
De 61 à 72 | 43 |
De 73 à 84 | 48 |
De 85 à 96 | 53 |
De 97 à 108 | 58 |
De 109 à 120 | 64 |
De 121 à 132 | 70 |
De 133 à 144 | 76 |
De 145 à 15 | 82 |
De 157 à 168 | 88 |
De 169 à 180 | 94 |
À partir de 181 | 100 |
Ce nouveau barème vise à mieux refléter la dépréciation réelle des véhicules en fonction de leur âge.
Abaissement du seuil de déclenchement
En 2025, le seuil de déclenchement du malus écologique a été abaissé à 113 grammes de CO2 par kilomètre selon le cycle WLTP. Cela signifie que davantage de véhicules seront soumis à cette taxe, même ceux dont les émissions sont relativement faibles.
Augmentation du plafond maximal
Comme les dernières années, le plafond du malus écologique a augmenté de 10 000 €. Ainsi, en 2025, l’écotaxe maximale s’élève à 70 000 € à partir d’un taux d’émissions de CO2 de 193 g/km. Il s’agit d’ailleurs du plafond pour la somme du malus écologique et du malus au poids. En clair, si un véhicule est soumis au paiement du malus écologique en raison de ses émissions de CO2 et du malus au poids à cause de sa masse en ordre de marche, la somme des deux ne peut pas dépasser 70 000 €.
Extension aux voitures d'occasion
La loi de finances pour 2025 prévoit également d'étendre le malus écologique aux voitures d'occasion qui n'auraient pas été soumises à cette taxe lors de leur première immatriculation. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026, vise à harmoniser le traitement des véhicules neufs et d'occasion et à éviter les distorsions de concurrence.
3 exemples comparatifs du nouveau coefficient de vétusté
Pour mieux comprendre l'impact du nouveau coefficient de vétusté, comparons-le à l'ancien système d'abattement d'un dixième par année entamée. Prenons trois exemples de véhicules d'occasion avec différentes anciennetés :
Exemple 1 : véhicule de 2 ans (24 mois)
- Ancien système : abattement de 20 % (2 années entamées x 10 %)
- Nouveau système : coefficient de décote de 20 %
Dans ce cas, le montant du malus reste inchangé entre les deux systèmes.
Exemple 2 : véhicule de 5 ans (60 mois)
- Ancien système : abattement de 50 % (5 années entamées x 10 %)
- Nouveau système : coefficient de décote de 38 %
Ici, le nouveau système est moins avantageux, car le coefficient de décote est inférieur à l'abattement précédent. Le malus sera donc plus élevé avec le nouveau système.
Exemple 3 : véhicule de 10 ans (120 mois)
- Ancien système : abattement de 100 % (10 années entamées x 10 %)
- Nouveau système : coefficient de décote de 70 %
A partir de 10 ans, le nouveau système est clairement moins favorable, car le coefficient de décote est inférieur à l'abattement complet de l'ancien système. Avec le nouveau système, il y aura donc toujours 30 % du malus initial à payer.
Impact pour les automobilistes
Le durcissement du malus écologique impactent non seulement les automobiliste, mais également les professionnels du secteur automobile :
Coût d'acquisition plus élevé
Avec l'abaissement du seuil de déclenchement et l'application du malus aux voitures d'occasion, le coût d'acquisition de nombreux modèles va augmenter. Par exemple, la Renault Clio TCe 90 émettant 118 g/km de CO2 sera désormais soumise à un malus de 170 €, contre 50 € auparavant.
Perte d’attractivité des véhicules importés
Le nouveau coefficient de vétusté rend l’importation de voitures moins attractive. En effet, l’immatriculation des véhicules étrangers deviendra obligatoirement plus chère.
Prenons l’exemple d’une Mini Cooper S immatriculée pour la première fois en Belgique en Février 2018 avec un taux d’émissions de CO2 de 142 g/km. En 2018, le montant du malus écologique pour ce véhicule aurait été de 1260 €.
La Mini est âgée de 7 ans et 2 mois entamés (84 mois). Avec le nouveau coefficient de vétusté, le taux de réduction s’élève à 48 % (contre 80 % auparavant). Le propriétaire devra donc payer 655,20 € de malus écologique contre 252 € avant. La carte grise de ce véhicule étranger sera donc 403,20 € plus chère !
Réactions et critiques
D'une manière générale, les Français ne voient pas l'évolution du malus écologique d'un bon œil :
Réactions des professionnels de l'automobile
Les professionnels de l'automobile ont exprimé des inquiétudes quant à l'impact de ces mesures sur leur activité. La Fédération Nationale de l'Automobile (FNA) a notamment souligné que l'augmentation de l'écotaxe sur les véhicules d'occasion importés pourrait menacer la viabilité de certains acteurs du secteur.
L'augmentation du malus écologique risque également de malmener le marché des véhicules neufs déjà mal-en-point.
Critiques des consommateurs
Du côté des consommateurs, les avis ne sont pas plus favorables. Beaucoup se sentent comme des « vaches à lait » et doutent que la réduction des émissions de CO2 soit réellement l’objectif premier du Gouvernement. Ils laissent sous-entendre que ces augmentations ne serviraient qu’à renflouer les caisses de l’Etat.
D'autres déplorent une augmentation des coûts qui pourrait rendre l'achat d'un véhicule inaccessible pour de nombreux ménages.
Evolutions futures du malus
Le barème du malus écologique est amené à évoluer dans les années à venir. La loi de finances pour 2025 prévoit déjà des ajustements pour 2026 et 2027, avec un durcissement progressif des seuils et des montants de la taxe.
En effet, le seuil de déclenchement sera abaissé de 5g/km chaque année, passant de 113 g/km en 2025 à 108 g/km en 206 puis à 103 g/km en 2027. Le plafond augmentera respectivement de 10 000 € chaque année pour atteindre 90 000 € en 2027.
Le coefficient de vétusté : une évolution significative
Le durcissement du malus écologique en 2025, avec l'introduction du nouveau coefficient de vétusté pour les voitures d'occasion, marque une étape importante dans la fiscalité automobile française. Si ces mesures sont nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques du pays, elles ne sont pas sans conséquences pour les automobilistes et les professionnels du secteur. Il est crucial que les pouvoirs publics accompagnent ces évolutions par des mesures de soutien adaptées, afin de faciliter la transition vers une mobilité plus durable pour tous.