Déjà autorisé dans de nombreux pays européens, le retrofit a été autorisé en France par décret début avril. En effet, celui-ci est entré en vigueur le lendemain de sa publication au Journal Officiel vendredi dernier, 3 avril 2020. Figurant dans la loi d’orientation des mobilités adoptée en 2019, le projet d’arrêté concernant les « conditions de transformation des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible » n’avait pas reçu d’objections à la Commission Européenne le 14 février dernier. Mais de quoi s’agit-il ?
Transformation d’une voiture thermique à l’électrique
« Retrofit » est le nom donné à l’action consistant à convertir une voiture à moteur thermique de plus de 5 ans en voiture électrique. Cette transformation nécessite une extraction du moteur thermique (diesel ou essence), du réservoir de carburant ainsi que du système d’échappement. Ensuite, la voiture devra être équipée par un moteur électrique, de batteries ou piles à combustible et d’une prise de recharge.
Une homologation du véhicule étant nécessaire, cette conversion doit être effectuée par des installateurs spécialisés dans le retrofit électrique. Le coût de cette intervention est actuellement estimé à environ 10.000 € – ce qui reste tout de même un obstacle de taille. En vue de l’évolution de prix des voitures électriques neuves, le retrofit n’est que peu concurrentiel. Il existe néanmoins deux marchés potentiellement porteurs : les voitures anciennes et les utilitaires ou véhicules spécifiques. Le marché des bus pourrait également s’ouvrir à cette conversion à l’électrique.
La mise en place des Zones à Circulation Restreinte dans de nombreuses grandes villes interdisant progressivement la circulation des véhicules diesel et essence peut augmenter l’intérêt des automobilistes pour le retrofit. À cela s’ajoute la fin des la vente des véhicules thermiques en 2040 qui est déjà inscrit dans la Loi Orientation des Mobilités.
Retrofit : une homologation facilitée
L’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation va permettre de faciliter les démarches administratives liées à cette transformation.
Le projet de l’arrêté avait été préparé par l’association Aire (Acteurs de l'Industrie du Rétrofit électrique) en association avec les pouvoirs publics. Le cahier des charges défini dans ce texte détermine le cadre de la transformation et l'homologation de véhicules (voiture, utilitaire, motocyclette, scooter) à moteur thermique en véhicules électriques à batterie ou à hydrogène. Ce cahier des charges est très strict notamment sur les questions de sécurité, car la modification d’un véhicule modifie également son comportement.
Avec cette normalisation de la conversion, il sera dorénavant possible d’obtenir une homologation par type de véhicule et non une réception à titre isolé au cas par cas. Cette homologation facilitée pourra permettre que le retrofit se démocratise. De plus, une nouvelle filière pourra voir le jour comme l’a exprimé Arnaud Pigounides, co-Président de l’Aire et président de Retrofuture, start-up souhaitant se spécialiser dans la conversion électrique des voitures anciennes : « Demain, une conversion très sécurisée sera enfin possible pour les véhicules immatriculés depuis plus de 5 ans. C'est pour nous tous, la reconnaissance d'une solution alternative vertueuse répondant aux nouveaux enjeux de mobilité. Enfin, nous pourrons développer une filière positive, répondant à l'enjeu d'une économie circulaire et surtout porteuse d'emplois ».
Retrofit et carte grise
Comme toute modification d’un véhicule, la conversion d’une voiture à moteur thermique en voiture électrique impose une mise à jour de la carte grise du véhicule. En effet, le certificat d’immatriculation étant en quelque sorte la « carte d’identité » de l’automobile, il se doit d’être à jour.
Après le retrofit de son véhicule, le propriétaire – muni du certificat d’homologation – devra entamer les démarches d’immatriculation concernant cette modification des caractéristiques techniques. Lors de la demande de modification d’une carte grise déjà enregistrée à votre nom, le coût de la démarche s’élève à la somme de la taxe de gestion (actuellement de 11 €) ainsi que de la redevance d’acheminement de 2,76 €. Depuis Janvier 2021, le prix de la nouvelle carte grise ne dépend plus du département de résidence du demandeur.
Qu’est-ce que l’on risque en cas de non-déclaration ?
À l’instar de toute modification (changement d’adresse sur sa carte grise, changement de nom, etc.), une transformation notable d’un véhicule doit être déclarée dans un délai maximum d’un mois après achèvement des travaux. En cas de non-respect de cette obligation, vous pourriez vous faire verbaliser par les forces de l’ordre et risquer une amende de 4ème catégorie pouvant aller jusqu’à 750 € dans certains cas.
De plus, avec le durcissement du contrôle technique, un véhicule non-conforme à sa carte grise se verra recalé.