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Le marché automobile français connaît une transformation majeure avec l'entrée en vigueur du malus rétroactif sur les véhicules d'occasion. Cette mesure fiscale, adoptée par le gouvernement dans la loi de finances 2025, bouleverse les règles du jeu pour les propriétaires et futurs acheteurs de voitures d'occasion.

Loin d'être anecdotique, cette réforme touche particulièrement les véhicules qui avaient bénéficié d'exonérations lors de leur première immatriculation. Le dispositif, déjà appliqué pour les véhicules importés, sera généralisé à l'ensemble du parc français dès janvier 2026.

Pourquoi ce nouveau malus rétroactif a-t-il été créé?

La loi n°2025-127 du 14 février 2025 marque donc un tournant dans la fiscalité automobile française. Le gouvernement justifie cette mesure par trois objectifs principaux:

  • Lutter contre les dérives constatées sur le marché de l'occasion
  • Harmoniser la fiscalité entre tous les véhicules
  • Accélérer la transition écologique en pénalisant les véhicules les plus polluants

Le calendrier d'application s'étale sur plusieurs années avec des dates clés à retenir:

  • 1er janvier 2026: extension du malus écologique rétroactif à tous les véhicules d'occasion français
  • 1er janvier 2027: mise en place d'un abattement kilométrique

Quels véhicules sont concernés par le malus rétroactif?

Contrairement aux rumeurs qui circulent, tous les véhicules d'occasion ne sont pas visés. La mesure cible spécifiquement:

  • Les véhicules immatriculés depuis le 1er janvier 2015
  • Les voitures ayant bénéficié d'une exonération lors de leur première immatriculation pour des raisons spécifiques (carte mobilité inclusion, allocation adulte handicapé, familles nombreuses, corps diplomatique, exportation)
  • Les véhicules importés, déjà soumis à cette taxe

Cette mesure vise à rétablir une équité fiscale en s'assurant que tous les véhicules polluants finissent par contribuer au moins une fois à l'effort écologique, quelle que soit leur histoire fiscale initiale.

 

À lire aussi : Malus écologique rétroactif en 2026 : quels véhicules seront taxés et comment s'y préparer ?

Comment fonctionne ce malus et quand devra-t-on le payer?

Le malus rétroactif ne s'applique qu'une seule fois dans la vie du véhicule, au moment de la première immatriculation en tant que véhicule de tourisme. Concrètement, il sera dû lors de la demande d'une nouvelle carte grise dans le cadre d'un changement de propriétaire. Une fois ce malus acquitté, les propriétaires suivants n'auront plus à le payer, quel que soit le nombre de transactions ultérieures.

Calcul du malus : barèmes et montants

Point important à comprendre : le barème applicable n'est pas celui de 2026, mais celui qui était en vigueur l'année de la première immatriculation du véhicule. Par exemple, pour une voiture immatriculée en 2018, c'est le barème de 2018 qui s'appliquera.

Deux types de malus peuvent s'appliquer :

  • Le malus CO2, établi à partir des émissions de dioxyde de carbone du véhicule
  • Le malus au poids, qui s'appliquera aux véhicules dépassant 1 500 kg à partir de 2026

Pour les véhicules d'occasion récents les plus polluants, le montant du malus peut atteindre plus de 65 000 €, une somme considérable qui pourrait dépasser la valeur même de certains véhicules d'occasion.

Les abattements pour adoucir la facture

Pour limiter l'impact de cette mesure, le législateur a prévu plusieurs systèmes d'abattements :

  • Un abattement lié à l'ancienneté du véhicule avec une décote mensuelle
  • Un abattement kilométrique à partir de 2027, qui tiendra compte du kilométrage annuel selon un barème progressif
  • Une exonération totale pour les véhicules de plus de 15 ans d'ancienneté

Exemples concrets : combien cela va vous coûter ?

Pour mieux comprendre l'impact de cette mesure, examinons quelques cas pratiques:

Exemple 1 : Renault Mégane RS Trophy R de 2016

Immatriculée en 2016 avec des émissions de 174 g CO2/km, cette voiture aurait été soumise à un malus de 2 200 € à l'époque (seuil à 130g). À sa revente en 2026, après 10 ans, l'abattement pour ancienneté réduira considérablement le malus que le nouveau propriétaire aura à payer.

Exemple 2 : BMW X6 de 2019

Ce SUV immatriculé en 2019 avec des émissions de 181 g CO2/km avait bénéficié d'une exonération pour cause d'exportation temporaire. À sa revente en 2026, le malus sera calculé selon le barème de 2019, soit 5 810 €, moins l'abattement pour 7 ans d'ancienneté. Le nouveau propriétaire devra s'acquitter d'environ 3 000 €.

Exemple 3 : Chevrolet Camaro importée

Pour cette sportive américaine importée (immatriculée en 2017) avec des émissions de 285 g CO2/km, le malus selon le barème de 2017 s'élèverait à 10 000 €. Avec l'abattement pour 9 ans d'ancienneté en 2026, le montant à payer serait d'environ 4 200 €.

Comment vérifier si un véhicule est concerné ?

Pour les acheteurs et vendeurs, il devient crucial de connaître l'historique fiscal du véhicule. Voici les points à vérifier :

  • La date de première immatriculation (pour savoir si le véhicule est concerné)
  • Les émissions de CO2 et la masse du véhicule (indiquées sur la carte grise)
  • L'historique des propriétaires et des exonérations éventuelles

En cas de doute, il est recommandé de demander au vendeur une attestation de paiement du malus initial ou de vérifier auprès de l'administration fiscale si le véhicule a déjà été soumis à cette taxe.

Quel impact sur le marché de l'occasion ?

Cette mesure aura des conséquences directes sur la valeur des véhicules d'occasion:

  • Baisse significative de la valeur des modèles polluants ou puissants
  • Décote accélérée pour les SUV, voitures sportives et véhicules à gros moteurs thermiques
  • Effet d'éviction pour les véhicules initialement exonérés, qui perdront en attractivité

Adaptation des professionnels et des particuliers

Face à ce que beaucoup considèrent comme un "matraquage fiscal", les acteurs du marché développent de nouvelles stratégies :

  • Ajustement des prix à la baisse pour compenser le malus à venir
  • Conservation plus longue des véhicules pour bénéficier des abattements maximaux
  • Orientation des achats vers des modèles moins polluants ou déjà taxés

 

Conseils pratiques pour naviguer dans ce nouveau paysage fiscal

Afin de ne pas vous faire avoir, nous vous conseillons :

Pour les acheteurs : une checklist indispensable

Si vous envisagez d'acheter un véhicule d'occasion après janvier 2026, voici les points essentiels à vérifier:

  • Contrôler les émissions de CO2 et la masse du véhicule sur la carte grise
  • Calculer le malus potentiel et l'intégrer à votre budget d'achat
  • Privilégier les modèles qui ne sont pas concernés par la mesure ou qui ont déjà été taxés
  • Utiliser le malus comme argument de négociation avec le vendeur

Pour les vendeurs : anticiper pour mieux vendre

Si vous prévoyez de vendre votre véhicule après l'entrée en vigueur de la mesure:

  • Préparer un dossier complet avec l'historique fiscal du véhicule
  • Rassembler les justificatifs d'exonération ou de paiement du malus initial
  • Adapter votre prix de vente en fonction du malus potentiel
  • Envisager de vendre avant janvier 2026 pour les véhicules fortement impactés

Questions fréquentes sur le malus rétroactif

Comment savoir si mon véhicule est concerné ?

Votre véhicule est concerné s'il a été immatriculé après le 1er janvier 2015 et s'il a bénéficié d'une exonération lors de sa première immatriculation. Les véhicules ayant déjà payé le malus à l'origine ne sont pas concernés.

Comment prouver que le malus a déjà été payé ?

Le paiement du malus est normalement mentionné sur la facture d'achat du véhicule neuf. En cas de doute, vous pouvez demander une attestation auprès de l'administration fiscale.

Existe-t-il des recours possibles ?

En cas d'erreur dans le calcul du malus ou si vous estimez que votre véhicule ne devrait pas être concerné, vous pouvez déposer une réclamation auprès de la Direction générale des finances publiques dans les deux mois suivant le paiement.

Le malus va-t-il continuer d'évoluer dans les années à venir ?

Selon les projections actuelles, les barèmes devraient continuer à se durcir, avec un abaissement progressif des seuils d'émissions et une augmentation des montants. Le malus au poids pourrait être renforcé.

Le marché de l'occasion à l'aube d'une révolution

L'introduction du malus rétroactif marque une étape décisive dans la politique environnementale française appliquée à l'automobile. Cette mesure, qui vise à responsabiliser tous les acteurs du marché, va redessiner le paysage de l'automobile d'occasion en France. Les véhicules peu polluants et les modèles électriques gagneront en attractivité, tandis que les grosses cylindrées et SUV polluants verront leur valeur chuter drastiquement.

Pour les particuliers comme pour les professionnels, l'anticipation et l'information deviennent des atouts majeurs. La connaissance précise des barèmes, des exceptions et des abattements permettra de faire des choix éclairés dans ce nouveau contexte fiscal. À mesure que le dispositif se déploiera dans les prochains mois, de nouvelles stratégies d'adaptation émergeront certainement, témoignant de la capacité du marché à se réinventer face aux contraintes environnementales et fiscales.

Vanessa Lenormand
Publié par
Responsable rédactionnel
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